La société française Alpha MOS propose une méthodologie pour quantifier toutes les odeurs quelles que soient leurs origines ou leurs typicités. Elle propose une échelle de 0 à 100 et une unité : le MOS.
Dira-t-on un jour « cela sent au moins 45 Mos » comme on dit aujourd’hui « il fait 23 °C » ? L’avenir nous le dira. En tout cas, la société Alpha MOS a d’ores et déjà défini une unité et une échelle pour quantifier une odeur. Le fabricant français de nez électroniques, a établi une approche méthodologique pour définir une unité d’odeur mesurée instrumentalement, au même titre que le volt ou le watt. Cette méthode fait l’objet de deux brevets déposés en Europe et aux Etats-Unis. « Aujourd’hui, il n’y a que le nez humain qui, par la méthode normalisée d’olfactométrie dynamique, est habilité à mesurer une odeur d’une manière quantitative », souligne Jean-Christophe Mifsud, p.-d.g. d’Alpha MOS. La méthode est reconnue mais lourde à mettre en œuvre. Elle est par ailleurs loin d’être immédiate. Ainsi, lorsqu’une personne se plaint pour nuisance olfactive, que se passe-t-il ? Si on veut bien l’entendre, un échantillon d’air sera prélevé dans un sac, à la source, et environ 48 heures plus tard, un panel de nez humains réuni déterminera, selon la méthode d’olfactométrie, si elle a raison ou tort. Entre la date de la plainte et celle du prélèvement d’air, le vent aura eu largement le temps de balayer les mauvaises odeurs. L’idée d’Alpha MOS a donc été de développer une méthode non plus basée sur le nez humain mais basée sur des capteurs électroniques, avec comme intérêt final, de lire directement et instantanément sur l’afficheur de l’instrument, une valeur d’intensité. « Nous nous sommes attachés à établir un vecteur d’intensité d’odeur global indépendant de la nature des composés, des caractéristiques qualitatives ou de toutes composantes subjectives », précise Jean-Christophe Mifsud. Pour cela, la société a constitué une base de données qui comporte les réponses d’un nez électronique exposé à une multitude d’échantillons. Ainsi, 42 familles de molécules (composés soufrés, aminés, aldéhydes…) ont été répertoriées et évaluées. D’abord en échantillons purs, puis en mélange, à différentes concentrations. Un algorithme a été mis au point pour corréler la réponse des capteurs avec celle d’un panel humain. Le nez humain reste ainsi toujours la référence primaire. « Ce fut évidemment un long apprentissage mais aujourd’hui nous sommes en mesure de proposer une échelle d’intensité de 1 à 100 », précise Jean-Christophe Mifsud. L’unité choisie par la société est le MOS pour Metric Odor Scale (initialement le MOS du nom de la société signifie Multi Organoleptic System). L’obtention des deux brevets est le commencement d’une démarche qui pourrait être longue. L’échelle établie s’appuie sur la technologie des nez électroniques d’Alpha MOS (barrettes de capteurs à oxyde métallique). Une reconnaissance de cette échelle nécessite donc que les autres fournisseurs se réfèrent à cette méthode. Autre reconnaissance indispensable : celles des instances nationales et internationales de la mesure. Faire accepter une nouvelle unité de mesure dans le cercle très conservateur de la métrologie est certainement une aventure au long cours : « Oui, nous n’en sommes qu’au début, reconnaît Jean-Christophe Mifsud, mais nous avons pris une longueur d’avance. »