La technologie de communication radio d’Enocean vient d’accéder au statut de standard international. Référencée ISO/IEC 14543-3-10, elle vise les applications de transmission sans fil ultra-basse consommation dans le domaine de la gestion du bâtiment, l’industrie et les transports.
Début avril, la technologie de communication sans fil Enocean a obtenu son statut de norme internationale.
Désormais, cette technologie de transmission radio est normalisée sous la référence ISO/IEC 14543-3-10. La norme s’intitule “ Technologies de l’information - Architecture des systèmes électroniques domestiques (HES) - Partie 3-10 : Protocole de paquets de données courts sans fil (WSP) optimisé pour la collecte d’énergie - Architecture et protocoles de couche inférieure ”. « Cette technologie de communication est désormais accessible à toutes entreprises souhaitant développer un circuit exploitant ce protocole, ou intégrer ce mode de transmission à leurs matériels », indique Laurent Giai-Miniet, Pdg d’Enocean.
Communication faible consommation
La particularité de ce protocole opérant sur la bande de fréquences de 868 MHz en Europe est sa faible consommation. La société allemande Enocean qui l’a développé propose d’ailleurs des briques technologiques qui permettent à des capteurs de produire l’énergie nécessaire à la communication en exploitant des phénomènes mécaniques (l’énergie cinétique du mouvement de commutation de l’interrupteur produit l’énergie nécessaire pour alimenter le module radio) ou encore la lumière (photovoltaïque) et la température (effet Peltier inversé). Des capteurs ou autres composants tels que des interrupteurs ou des commutateurs peuvent donc communiquer sans alimentation et sans embarquer de pile ou de batterie. Si la portée peut atteindre 30 mètres dans un espace clos, la vitesse de transmission (125 kbits par seconde) est plus faible que celles affichées par les technologies Wi-Fi, ZigBee ou Bluetooth. Cette technologie s’intéresse donc aux capteurs et actionneurs qui doivent envoyer peu fréquemment des messages courts. La nouvelle norme ISO/IEC 14543-3-10 ne concerne pas uniquement les deux premières couches OSI (Open Systems Interconnection), mais s’intéresse aux couches 1 à 3 : physique, liaison de données et réseau. « La couche réseau est intégrée à la norme, alors que cela n’est pas le cas pour celles relatives aux protocoles Wi-Fi, Blue-tooth ou encore Zigbee pour lesquels la cou-che 3 est soumise à interprétation », observe Laurent Giai-Miniet.
Pour la couche applicative, l’Alliance Enocean a établi des profils spécifiques pour des applications métiers, basées sur cette norme. Créée en 2007, elle assure l’évolution des spécifications et la promotion du standard homonyme. Elle compte aujourd’hui 250 membres dont plus de 100 fabricants de matériels.
Interopérabilité des produits
Ces profils EEP (EnOcean Equip-ment Profiles) garantissent l’interopérabilité des produits de différents fournisseurs. Testés, éprouvés et optimisés pour une très faible consommation d’énergie, ils peuvent être exploités pour développer des solutions d’automatisation économes en énergie non-propriétaires. Selon cette organisation, il existe déjà plus de 850 produits employant cette technologie radio tels que les organes de commande de Steute (photo). Cette normalisation internationale pose donc les fondements d’une technologie sans fil, ouverte, comparable aux normes Bluetooth et Wi-Fi. « Elle assure également la pérennité de la technologie. Elle accélérera le développement et le déploiement de réseaux de capteurs radio économes en énergie. Elle va élargir le marché, l’ouvrir à d’autres acteurs et conduire à l’existence d’un plus grand nombre de produits interopérables pour l’automatisation des bâtiments, de l’industrie, du transport, etc. », souligne Laurent Giai-Miniet. Cette technologie vise d’autres secteurs tels que les réseaux électriques (smart grid) ou le comptage (smart metering) intelligents.
Youssef Belgnaoui