La Commission européenne a publié en début de semaine un rapport sur la situation actuelle de l'industrie dans l'Union européenne (UE). Ce rapport indique notamment que la plupart des secteurs industriels n'ont pas encore retrouvé leur niveau de production antérieur à la crise et qu'il existe des différences importantes entre secteurs et entre États membres. Intitulé « EU industrial structure report 2013: Competing in Global Value Chains » (rapport de 2013 sur la structure industrielle de l'Union européenne: faire face à la concurrence dans les chaînes de valeur mondiales), ce document examine en détail la tendance à la baisse dans l'industrie manufacturière. Il met également en lumière les liens mutuellement bénéfiques entre l'industrie manufacturière et les services – alors que ces deux secteurs sont généralement mis en opposition - ainsi que l'importance des chaînes de valeur mondiales.
Selon Antonio Tajani, vice-président de la Commission européenne et commissaire chargé de l’industrie et de l’entrepreneuriat, « ce rapport montre clairement que la crise de 2008 a entraîné une forte accélération du déclin industriel de l'Europe et que l'industrie a besoin d'un soutien ciblé pour l'aider à retrouver la croissance. L'Europe est encore loin de l'objectif fixé, à savoir porter la part de l'industrie dans le PIB de l'Europe à 20 % d'ici 2020. Pour atteindre cet objectif, nous devons nous concentrer sur la réindustrialisation. »
Vous trouverez ci-dessous les principales conclusions de ce rapport. Pour davantage de détails, le rapport complet de la Commission européenne est disponible en suivant ce lien.
Principales conclusions du rapport de la Commission européenne :
- Le rapport montre, comme d'autres études, que la fragile reprise indiquée par une croissance positive en 2010 et 2011 a été interrompue par un ralentissement de la conjoncture et que les industries de l'UE ont subi une récession à double creux. Il confirme aussi que, depuis 2001, la part de l’industrie manufacturière dans la production économique a encore diminué, de 3 points, pour atteindre 15 % du produit intérieur brut (PIB) en 2012.
- Différences entre pays: le chiffre total de la production manufacturière de l'UE dissimule des différences importantes entre les États membres. On observe par exemple une forte reprise en Roumanie, en Pologne, en Slovaquie et dans les pays Baltes, qui ont tous retrouvé et dépassé leurs niveaux les plus hauts atteints avant la récession.
- Différences entre les secteurs – la haute technologie, l’industrie pharmaceutique et les produits de base résistent à la crise: il existe aussi des différences significatives entre les secteurs. La construction et les industries manufacturière et minière ont été durement frappées. Les industries qui fabriquent des produits de base, tels que les produits alimentaires et les boissons, et l’industrie pharmaceutique se portent relativement mieux. Les industries de haute technologie n'ont pas été autant touchées que les autres.
- Les gains de productivité varient et sont concentrés dans les industries de haute technologie: les gains de productivité et la croissance de l'emploi varient considérablement d'un secteur à l'autre, le déclin étant général dans le secteur manufacturier, notamment dans les industries de faible technologie. Au lendemain de la dernière crise, l'industrie manufacturière de l'UE est parvenue à réduire le coût du travail et à accroître la productivité. Résistant mieux aux effets négatifs de la crise financière grâce à une plus forte productivité et à une moindre dépendance énergétique, les industries de haute technologie sont le moteur principal de la croissance.
- Les services croissent plus vite que l'industrie manufacturière: les services marchands (habituellement fournis par le secteur privé) ont crû en moyenne de 1,7 point entre 2000 et 2012 dans l'UE, et représentent maintenant la moitié du PIB de l'UE. La part des services non marchands (habituellement fournis par le secteur public) a aussi augmenté pour atteindre 23 % du PIB en 2012. De 2001 à 2010, l'emploi dans les services a progressé alors qu'il a diminué dans l'industrie manufacturière.
- Les relations entre l'industrie manufacturière et les services sont mutuellement bénéfiques: les entreprises du secteur manufacturier recourent de plus en plus aux services dans leurs processus commerciaux, dans l'élaboration et la vente de produits et pour des activités transversales, telles que la comptabilité et la logistique. La hausse de la productivité dans cette industrie peut s'étendre à d'autres secteurs. L'interdépendance croissante entre l'industrie manufacturière et les services implique un «effet porteur» de l'industrie pour des services qui seraient autrement moins commercialisables. Il en résulte un effet stimulant sur l'innovation et l'amélioration qualitative des activités de service.
- Les chaînes de valeur mondiales ont une importance croissante pour l'industrie de l'UE: l'UE est encore le principal acteur du commerce mondial, tant pour les biens et services que pour les flux d'investissements. Créant un nombre croissant de solides réseaux transfrontaliers, la mondialisation a transformé les «chaînes de valeur» des entreprises. Même si les entreprises de l'UE sont déjà présentes dans les chaînes de valeur mondiales, le renforcement de leur participation améliorera leur compétitivité et leur assurera un accès aux marchés mondiaux dans des conditions de concurrence plus favorables.
- Les investissements étrangers dont l'industrie manufacturière a besoin ont beaucoup souffert: à l’échelon mondial, la croissance des flux commerciaux s'est accompagnée d'un accroissement encore plus grand des flux de capitaux, y compris des investissements directs étrangers (IDE) dont l'industrie de l'UE a besoin. Les États membres dans leur ensemble apportent une part importante des flux d’IDE mondiaux (environ 22 % des flux entrants et 30 % des flux sortants), mais les flux tant entrants que sortants ont été gravement perturbés par la crise. En 2010, dans l'UE, les flux d’IDE entrants n’ont atteint qu’un tiers environ de leur niveau de 2007 et les flux sortants sont tombés encore plus bas. La chute des flux d’IDE entrants est en grande partie due à une forte diminution des flux intra-UE depuis le début de la crise.