Cette deuxième édition du congrès MIPS (qui a eu lieu les 8 et 9 novembre à Lyon) était très attendue parce que beaucoup de choses avaient changé depuis la première édition il y a deux ans : la manifestation se tenait sur deux jours au lieu de trois, il n’y avait plus d’exposition (seulement des conférences), et l’organisation était assurée par un nouvel opérateur (Exposium, qui succède à Elec Promotion).
Bref, le contexte était trop différent pour oser des comparaisons. Comme pour la précédente édition, les applications industrielles avaient été choisies par les sponsors qui soutenaient la manifestation, en l’occurrence ABB, Actemium, Rockwell Automation, Schneider Electric et Siemens. A partir de là, il ne fallait pas s’attendre à des retours d’expérience négatifs. Certains intervenants ont tout de même souligné les écueils à éviter. Cette année, les présentations étaient dans l’ensemble plus concrètes et plus proches du terrain que celles de l’édition précédente. Un point très positif. Les sujets retenus étaient pertinents, avec l’accent mis sur la rentabilité des équipements de production, le coût de possession, la sécurité des installations. Il aurait sans doute été judicieux de présenter à nouveau les enjeux de la directive Atex, qui doit entrer dans une nouvelle phase l’an prochain.
L’animation bienveillante de Jean-Marc Molina du Gimelec (plus conviviale que celle des professionnels retenus lors de la première édition) et l’organisation très professionnelle de Exposium (qui a réussi à maîtriser les débordements d’horaires et éviter les chevauchements entre les conférences) sont également à mettre au crédit de cette nouvelle édition du MIPS.
Pourtant, malgré ces points positifs, l’avenir du MIPS soulève des questions. L’immense majorité des auditeurs présents à Lyon avaient été “amenés” par les partenaires de la manifestation, plus particulièrement Schneider Electric et Siemens. Or tous deux montent désormais leurs propres manifestations, un peu à l’image de ce que fait Rockwell Automation aux Etats-Unis avec Automation Fair. Au printemps dernier, Schneider Electric a réuni plusieurs milliers de clients lors de sa dernière manifestation européenne Initi@tive à Séville. Au début du mois, Siemens a rassemblé plusieurs centaines à son symposium Simatic IT à Paris. Compte tenu des positions qu’ils ont acquises, ces industriels supportent mal l’idée de mettre leurs clients en contact avec leurs concurrents, et ils sont tentés de faire cavalier seul, un peu à l’image de ce que font les grands du semi-conducteur et de l’informatique. Henri Lachmann, p.-d.g. de Schneider Electric, l’avait d’ailleurs annoncé sans détours lors du premier MIPS, manifestant son souhait de ne pas participer à Elec, …avant de mettre un peu d’eau dans son vin.
L’échec de l’exposition Productique (il y a une bonne dizaine d’années), le changement de périodicité de Automation (biennal au lieu de annuel), la fusion de Automation avec Elec pour créer SCS Automation & Control, etc. : tous cela montre que les constructeurs ont une réelle influence sur l’évolution des manifestations. Reste à savoir quelles sont aujourd’hui leurs attentes réelles.
Une chose est sûre, les industriels visiteurs d’une manifestation souhaitent pouvoir faire le tour de l’offre. On peut espérer que les gros fournisseurs en tiendront compte et que le Gimelec (le syndicat professionnel des acteurs des automatismes) le leur rappellera. S’il veut être “visible” et que la parole de la profession soit entendue, il a de toute façon intérêt à fédérer la profession dans des manifestations, expositions ou conférences. Dans ce contexte, il devra continuer de travailler de concert avec Exposium (devenu l’unique organisateur des manifestations d’automatismes) et s’appuyer sur les clubs d’utilisateurs (Club Automation, Exera, Isa, Club MES, etc.). La réussite des prochains SCS Automation & Control et MIPS en dépend. (Novembre 2005)