Dans le contexte de la quatrième révolution indust rielle, Rockwell Automation, fabricant historique d'automatismes, ne compte pas se reposer sur ses acquis. Plutôt que d'industrie du futur, ou industrie 4.0, la firme américaine a choisi de parler de l'«entreprise connectée». Et dans cette optique, elle propose de plus en plus de solutions, matérielles bien sûr, logicielles, mais aussi en termes de conseil pour les industriels. L'édition 2018 de sonAutomation Fair était l'occasion pour Rockwell Automation de mettre en lumière de nouveaux produits et services, notamment dans le cadre des partenariats avec d'autres entreprises. Maintenance prédictive, cybersécurité ou encore réalité augmentée (AR) étaient donc au rendez-vous.
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Quels objectifs pour la transformation numérique ?
Thomas Donato, vice-président de Rockwell Automation en charge des ventes et du marketing, a présenté lors de l'Automation Fair une étude réalisée auprès de plus de 300 responsables d'entreprises industrielles à travers le monde. Le but: déterminer leurs principales motivations pour la transformation numérique et les initiatives liées aux objets connectés. Il en ressort que la plus souvent citée est l'amélioration de l'efficacité opérationnelle. Pour la région EMEA (Europe, Moyen-Orient et Afrique), cette réponse est suivie par «l'accélération de nouveaux modèles économiques» et «l'amélioration de l'efficacité générale des équipements». Le sondage interroge également les principaux obstacles à la transition numérique. Les entreprises basées en EMEA placent en première position la difficulté d'intégrer des données provenant de systèmes multiples. Suivent le manque de capacités, en termes d'outils ou de compétences, et la question de l'interopérabilité des données. Les entreprises d'EMEA se démarquent des autres régions par l'avancement de leurs projets de transformation numérique: 35% affirment en être au stade de l'amélioration d'initiatives en cours, contre 22% en Amérique et 8% en Asie. 16% en sont encore au stade du pilote, et 7% à la préparation. |
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Face à la transformation rapide de l'industrie, Blake Moret (CEO) a indiqué que Rockwell Automation développerait ses activités de conseil aux entreprises.
La réalité augmentée (AR) permet d'afficher des informations dans le champ de vision de l'utilisateur. Cette technologie peut apporter des avantages dans le cadre de tâches complexes.
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De nombreuses applications sont d'ores et déjà disponibles pour ce type de projets au sein de l'offre de Rockwell Automation, pour les différents niveaux de l'entreprise connectée: le diagnostic, qui permet de trouver la source d'un problème, la prédiction, pour prévenir d'un problème à l'avance en se basant sur l'évolution de données clés, ou l'analyse, pour comparer les performances de différentes lignes ou de différentes machines.«
À l'occasion de l'Automation Fair, Rockwell Automation a annoncé que ces solutions logicielles sont réorganisées en une gamme unifiée, FactoryTalk InnovationSuite, en collaboration avec la société américaine PTC, éditrice notamment de la plateforme ThingWorx. Ce partenariat, démarré en juin dernier, permet désormais aux deux entreprises d'intégrer de façon transparente leurs offres respectives au sein d'une solution commune, allant du plus bas niveau des automatismes jusqu'aux outils informatiques de conception. «
PTC apporte également à FactoryTalk InnovationSuite ses solutions de réalité augmentée. Cette technologie vise, entre autres, à répondre à la problématique des départs non remplacés dans l'industrie. «
La sécurité du réseau se joue à tous les niveaux. Rockwell Automation propose désormais des équipements avec sécurité CIP intégrée, pour garantir l'intégrité des données.
Ces informations peuvent ensuite être mises en forme de sorte à guider de nouveaux employés, équipés de lunettes de réalité augmentée. Celles-ci permettent d'afficher des informations et des instructions pas à pas dans leur champ de vision, via des vidéos par exemple. Cette application vise à simplifier certaines tâches complexes. Mais la réalité virtuelle peut aussi servir à l'amélioration des procédés de fabrication: «
Plusieurs démonstrations de réalité augmentée étaient d'ailleurs proposées au public dans le cadre de l'Automation Fair. Face à une machine de production, chausser les lunettes permet de faire apparaître différentes informations graphiques liées à son fonctionnement, ou à la maintenance prédictive. Les lunettes affichent des modélisations 3D de pièces de la machine, comme si elles étaient visibles par transparence, ou matérialisent au sol les différentes zones de sécurité par plusieurs couleurs.
Mais les lunettes ne sont pas la seule façon d'accéder à la réalité augmentée: une tablette numérique ou un smart-phone permettent également de superposer ce type d'informations à une machine en fonctionnement. Quelques exemples de réalité virtuelle (VR) étaient également présentés. Ici, il n'est plus question d'ajouter des informations au champ de vision, mais d'immerger l'utilisateur dans un environnement entièrement numérique. Cela peut être utile à des fins de formation, ou encore, pour les fabricants de machines, en guise de démonstrateurs.
La sécurité est bien sûr un enjeu important lorsque l'on évoque l'usine connectée. Ce sujet avait donc également une place de choix à l'Automation Fair. «
Assurer l'interopérabilité
Pour faciliter la connexion des industries, il est important de garantir l'interopérabilité entre les différents équipements et logiciels. Blake Moret, CEO de Rockwell Automation, a rappelé l'intérêt de l'entreprise pour cette démarche, et son engagement au sein des groupes de travail autour de la norme OPC (Open Platform Communications): « En août dernier, Rockwell Automation rejoignait d'autres industriels dans le cadre de la création d'une solution de communication pour les applications en temps réel entre les capteurs et le cloud, basée sur le protocole OPC Unified Architecture (UA) et les normes TSN ( |
Face à cette situation, Claroty, une startup américaine issue deTeam8, propose d'analyser le réseau industriel afin de détecter toute activité anormale. «
Les usines connectées devront établir une continuité allant des capteurs aux services logiciels hébergés dans le cloud.
La sécurité se joue également au niveau des automatismes. Rockwell Automation le montre avec de nouveaux automates dotés de la sécurité CIP (
Les terminaux mobiles permettent d'afficher en direct des informations liées à la production, adaptées à la fonction de l'utilisateur.
Avec ses partenaires, Rockwell Automation s'attaque donc de front aux nombreuses problématiques en jeu. «
Trois questions à David Vasko, responsable des technologies avancées et du développement stratégique de Rockwell Automation
Mesures.Comment tirer profit des données dans le cadre de l'entreprise connectée? David Vasko. Il faut tout d'abord faire remonter les données depuis les capteurs vers un endroit où elles pourront être utilisées. Cela reste un défi pour certaines usines dont les équipements sont anciens et hétérogènes. Les solutions logicielles Kepware, de PTC, sont un exemple de la façon dont il est possible d'intégrer des machines anciennes à l'écosystème. Elles proposent notamment des drivers adaptés aux équipements industriels. Ensuite, la façon dont les données sont traitées et présentées est importante. Pour aider à la prise de décision, elles doivent être claires. Il faut par exemple être capable de mettre en évidence facilement les dysfonctionnements importants d'une ligne de production. Cela peut être fait pour un centre de contrôle comme dans un atelier, en adaptant les données présentées à la fonction de l'utilisateur. De nombreuses applications sont possibles. La maintenance prédictive, par exemple, est un sujet important, car c'est l'une des premières façons d'obtenir des bénéfices. Les temps d'arrêt imprévus coûtent très cher. Mais les technologies développées à cet effet apporteront également d'autres avantages. Le développement de l'apprentissage automatique, par exemple, permet d'aller vers une maintenance prescriptive, en comprenant mieux les corrélations entre les différents procédés de fabrication et l'usure des machines. Mesures.En quoi Rockwell Automation peut-il aider les entreprises dans cette démarche? David Vasko. Nous allons continuer tout ce que nous faisons dans le domaine du matériel comme du logiciel, mais nous allons également nous focaliser de plus en plus sur le conseil. Le but est d'aider nos clients à créer plus de valeur, car beaucoup ne savent pas par où commencer et ont besoin d'aide. Nous recommandons d'identifier d'abord un problème à résoudre dans le cadre d'un petit projet. La maintenance prédictive est souvent une porte d'entrée. L'infrastructure mise en place pour résoudre ce premier problème servira ensuite à s'attaquer au suivant. C'est une démarche d'amélioration continue. Les cultures des milieux de l'informatique et des automatismes sont très différentes, nous devons donc nous adresser aux deux. Il faut apprendre aux automaticiens à se connecter vers le réseau informatique, mais ça n'est pas suffisant; il faut aussi faire l'inverse, entraîner les informaticiens à apprendre à se connecter aux automatismes. Nous recommandons aussi aux gérants d'être ouverts aux idées des travailleurs! Mesures.Quelles seront les prochaines tendances pour l'usine connectée? David Vasko. La flexibilité va devenir un sujet important, afin de proposer aux clients des produits personnalisés, comme c'est le cas dans l'industrie automobile. Je pense que nous verrons également de grandes évolutions dans les façons de travailler. L'intelligence artificielle devrait gagner du terrain dans le cadre de la compréhension du fonctionnement des machines. Des techniciens pourront se faire aider à distance par des experts en portant un casque adapté. Il y aura probablement moins de personnes dans les ateliers, mais de plus en plus qui travailleront à distance. Dans ce cadre, la technologie blockchain aura un rôle important à jouer, pour garantir la confiance entre les différentes parties prenantes de ces nouvelles organisations. Je pense que les jeunes générations seront très favorables à l'usage de toutes ces technologies. Propos recueillis par Antoine Cappelle |