Disponible depuis maintenant une dizaine d'années sur le marché, le robot collaboratif a tracé sa route dans l'industrie. Considéré au départ comme un gadget,celui que l'on appelle aussi cobot n'a pas tardé à séduire par sa capacité à fonctionner sans cage de protection dans le même espace de travail que l'homme. Une véritable révolution en soi dans la mesure où la robotique industrielle avait justement tout fait jusqu'ici pour que l'homme et la machine ne se côtoient pas de près, par mesure de sécurité. Le potentiel des cobots n'a pas échappé longtemps aux ténors de la robotique industrielle traditionnelle.Après une période de quatre ou cinq ans où la cobotique était exclusivement l'affaire de sociétés spécialisées ou de start-up, à l'image d'un Universal Robots qui a lancé ses premiers modèles en 2009-2010, force est de constater que quasiment tous les grands noms de la robotique industrielle proposent aujourd'hui à leurs catalogues une offre en cobots (
Le cobot se positionnant en complément de la robotique traditionnelle et non pas en substitut, il offre aux spécialistes de la robotique industrielle un complément de gamme idéal qui leur servira de relais de croissance dans les années à venir.
La cobotique, un marché dynamique
De plus, le cobot se positionnant en complément de la robotique traditionnelle et non pas en substitut (la capacité de charge, la portée et la vitesse maximale d'un cobot sont sans commune mesure avec celles d'un robot industriel conventionnel), il offre aux spécialistes de la robotiqueindustrielle un complément de gamme idéal qu'ils n'avaient pas encore exploré jusque-là et qui leur servira de relais de croissance dans les années à venir. Ce dynamisme du marché de la cobotique, le cabinet d'études Research and Markets l'a traduit en chiffres dans un récent rapport prévoyant que les revenus de 710 millions de dollars générés en 2018 par ce secteur devraient passer à 12,3 milliards de dollars en 2025, suivant un taux de croissance annuel composé (CAGR) de plus de 50 % (50,31 % exactement) ! L'analyse de Research and Markets révèle par ailleurs que les secteurs de l'automobile, de l'électronique et de la transformation des métaux s'octroient la plus grande part du marché des cobots.
Des incitations pour les PME
Les raisons de ce dynamisme sont mul-tiples, à commencer par la capacité in-trinsèque des cobots à collaborer avec l'homme de manière sécurisée, ce qui favorise leur déploiement en ouvrant la voie à des applications qu'il était difficile d'imaginer avec un robot industriel traditionnel. Mais les atouts des cobots ne s'arrêtent pas là, loin s'en faut. L'un d'entre eux réside dans les coûts de propriété relativement réduits (quelques dizaines de milliers d'euros en entrée de gamme), permettant un retour sur investissement rapide. L'adoption de plus en plus importante des cobots par les PME industrielles qui, pour la plupart, découvrent la robotique industrielle par le biais de ces petits robots bon marché, tend à montrer que la robotique à la portée de toutes les entreprises devient petit à petit une réalité. En France, cette tendance est appuyée par les différentes initiatives mises en place par les organisations professionnelles,à l'image du Symop ou de la Fim, pour promouvoir la cobotique auprès des industriels français, grands ou petits, ainsi que par le bon signal envoyé par les pouvoirs publics. En janvier dernier, le gouvernement a ainsi mis en place pour deux ans un nouveau dispositif de suramortissement exclusivement réservé aux PME industrielles –en clair, les entreprises de moins de 250 salariés et réalisant un chiffre d'affaires de moins de 50 millions d'euros – afin qu'elles puissent plus facilement réaliser des investissements dans les domaines de la robotique –donc de la cobotique– et de la transformation numérique. La cobotique est d'ailleurs l'une des nombreuses composantes de l'industrie du futur et bénéficie aussi, à ce titre, de son déploiement progressif. En dotant les cobots de fonctionnalités inédites, les nouvelles technologies contribuent aussi largement à leur développement et à leur déploiement, en particulier avec les progrès des capteurs et de la vision industrielle 3D et avec l'intégration de l'intelligence artificielle. Par exemple, Universal Robots a doté sa dernière génération de cobots –ceux rassemblés sous la gamme nommée e-Series (UR3e, UR5e et UR10e)– d'un capteur de force et de couple qui permet au cobot de «ressentir» la force qu'il applique lors d'une manipulation. Couplée à une précision accrue, l'intégration d'un tel capteur permet au cobot de réaliser des actions inédites, comme insérer des composants électroniques de manière sûre et fiable sur une carte, ou bien encore brancher une clé USB dans le port d'un PC portable sans endommager les zones de contact. Pour ce faire, le cobot modifie finement sa position en fonction de la force et du couple qu'il «ressent» au fur et à me-sure de l'insertion du connecteur ou de la clé USB dans son réceptacle, afin d'optimiser la manipulation. Cette série cible ici clairement la production électronique.
Selon un récent rapport de Research and Markets, le marché de la cobotique devrait passer de 710 millions de dollars en 2018 à plus de 12,3 milliards de dollars en 2025, soit une croissance annuelle moyenne de plus de 50 % !
Facilité d'utilisation : une vraie rupture
Mais ce qui a peut-être marqué la plus grande rupture entre la cobotique et la robotique industrielle conventionnelle, c'est la rapidité d'intégration du cobot dans un process industriel et, surtout, sa facilité d'utilisation. Un peu à la manière dont Apple a révolutionné la téléphonie mobile avec l'invention des smartphones et de leur interface utilisateur tellement intuitive qu'un enfant âgé de 5 ans peut l'utiliser sans aucun problème, certains acteurs de la cobotique ont très tôt pris le parti de simplifier au maximum l'interface utilisateur de leurs produits et de la rendre la plus intuitive possible, de sorte qu'un non-initié à la robotique puisse s'en servir. L'objectif étant ici de faciliter la pro-grammation des cobots pour en démocratiser l'usage, en particulier dans les PME industrielles qui ne possèdent pas forcément d'expert roboticien en interne. Cette nouveauté a tellement marqué les esprits qu'elle commence à être appliquée par les ténors de la robotique industrielle, comme on a pu le découvrir sur le stand de Fanuc lors du dernier salon Global Industrie qui s'est déroulé en mars dernier à Lyon (
En proposant des interfaces simples et intuitives pour faciliter la programmation de leurs produits, les fabricants de cobots participent à la démocratisation de la robotique, en particulier dans les PME qui, bien souvent, ne possèdent pas de roboticien en interne.
Le robot traditionnel est lui aussi collaboratif
L'empreinte des cobots sur la robotique est telle que même le gros robot industriel devient de plus en plus collaboratif. C'est ainsi qu'ABB a dévoilé lui aussi à Global Industrie Lyon, la dernière génération de SafeMove 2, son logiciel de surveillance de robots certifié pour la sécurité qui permet aux utilisateurs de travailler en toute sécurité, aux côtés de robotsABB avec des charges utiles allant jusqu'à 800kg, et cela sans compromettre la productivité! Avec à la clé le gros avantage qu'il n'est plus nécessaire de stopper la cellule robotisée dès qu'un opérateur doit intervenir à proximité. SafeMove 2 permet ainsi aux robots et aux opérateurs de travailler de manière plus collaborative et plus étroite en limi-tant le mouvement des robots à ce qui est précisément nécessaire pour une application donnée. ABB affirme que SafeMove 2 assure également un niveau optimal de collaboration et de flexibilité pour les applications à vitesse et débit plus élevés, qui nécessitent généralement des niveaux de sécurité plus complexes.Au final, le flux de travail au sein de l'atelier est amélioré sans compromettre la sécurité des opérateurs.
Des outils et des services très innovants
À la lumière de ces deux exemples frappants, on peut légitimement se demander jusqu'où va aller l'influence de la cobotique sur la robotique industrielle traditionnelle. Car les acteurs de la cobotique ne manquent pas d'idées pour proposer de nouveaux outils et/ou de nouveaux services pour simplifier la vie de leurs clients et démocratiser autant que faire se peut les robots collaboratifs. À commencer par Universal Robots. Celui qui est l'un des pionniers de la cobotique a ainsi ouvert en 2017 une académie en ligne proposant des formations gratuites et ouvertes à tous pour apprendre à programmer ses cobots.Cette initiative peu commune dans le monde de l'industrie est en fait un investissement de long terme. «
Fort du succès de cette académie en ligne, et pour aller encore plus loin, Universal Robots a parallèlement développé tout un réseau de centres de formation agréés (ATC pour
Du côté des outils, Universal Robots propose également depuis peu, Application Builder, un logiciel qui facilite la configuration et le déploiement d'un poste de travail de cobotique en tenant compte des exigences de coût et de rendement.Application Builder permet de modéliser un poste de travail pour en tester, à l'aide de la réalité augmentée, la viabilité au sein de l'entreprise. «
Une agence de recrutement de cobots !
Mais Universal Robots n'a pas le monopole de l'innovation en matière d'outils et de services dans le domaine de la cobotique. Créée en 2015, la start-up française MIP Robotics, qui propose ses propres cobots, vient ainsi de créer la première agence de «recrutement» de cobots. L'Agence Cobot – c'est son nom– a pour but d'accompagner les entreprises dans leur transition numérique en trouvant les meilleures solutions pour automatiser facilement les tâches manuelles en intégrant les spécificités et les objectifs de chaque entreprise. L'idée est de répondre aux deux questions de fond: comment trouver le cobot qui convient? Quelles sont les solutions pour les petites structures qui n'ont pas de gros budgets? En pratique, il suffit de remplir un formulaire rapide pour préciser ses besoins ou de solliciter un premier rendez-vous gratuit. En quelques minutes, l'Agence Cobot met alors en œuvre sa méthodologie d'analyse des contraintes pour identifier la meilleure solution. «
La large palette de services et d'outils proposés par les acteurs de la cobotique concourent au succès des cobots dans l'industrie, au point que les fabricants de robots industriels conventionnels s'en inspirent pour leur dernière génération de produits.
En plus des nouvelles possibilités de financement dont il est possible de bénéficier dans le cadre du déploiement de l'industrie 4.0 (