P as de chutes de neige, mais au contraire une météorologie clémente, pas de grèves des transports affectant vraiment la région bretonne… l'édition 2015 du Carrefour des fournisseurs de l'industrie agroalimentaire (CFIA) s'est pour une fois déroulée dans des conditions optimales. Première conséquence, l'organisateur GL events a enregistré une affluence record pour la deuxième fois de suite, avec la venue de 17046 visiteurs, soit une progression de 5,3%, et toujours de 1 300 exposants (voir encadré) . Cela confirme une nouvelle fois, pour ceux qui en douteraient encore, que Rennes (Ille-et-Vilaine) devient chaque année « la plus grande usine agroalimentaire de France ». Et ce n'est pas galvaudé : il s'agit en effet du premier secteur industriel français qui représente un chiffre d'affaires de plus de 160 milliards d'euros et emploie 492 727 personnes dans plus de 11 850 entreprises réparties sur l'ensemble du territoire ⁽¹⁾ .

Pendant trois jours, à la mi-mars, la « plus grande usine agroalimentairede France » a tenu salon à Rennes, pour la 19 ^e année. Tous les acteurs de la filière ont pu faire de la veille technologique et des affaires, ainsi qu'échanger autour des diverses animations (conférences techniques, «Usine agroalimentaire du futur », rencontres « Work in agro »…).

Le CFIA est donc l'occasion pour l'ensemble des acteurs de la filière de faire de la veille technologique et du business , ainsi que d'échanger autour des diverses animations organisées durant les trois jours (du 10 au 12 mars): les conférences techniques, les «Coulisses des produits » (en partenariat avec le Manager de l'alimentaire et le Centre culinaire contemporain de Rennes, et dont l'objectif est de matérialiser des itinéraires d'innovations de produits susceptibles d'intéresser les visiteurs ou les exposants),l'«Usine agroalimentaire du futur» regroupant trois démonstrateurs (l'un de Cesbron associé à l'IRSTEA et au Pôle Cristal, un deuxième d'Energiency et le troisième de Schneider Electric) permettant de se projeter dans cinq, dix voire quinze ans et d'imaginer ainsi les solutions de demain, les rencontres entre étudiants et professionnels «Work in agro», etc.

Le programme des conférences techniques et les produits proposés pour lesTrophées de l'innovation donnent d'ailleurs une bonne indication sur les préoccupations actuelles des industriels du secteur. Citons entre autres l'efficacité énergétique et en particulier celle des systèmes réfrigérants –l'énergie est le deuxième poste de dépenses après les matières premières, pour les industries agroalimentaires (IAA)–, la réduction des troubles mus-culo-squelettiques (TMS) et plus généralement de la pénibilité au travail, les réglementations (la version 7 du British Retail Consortium [BRC] sur la sécurité alimentaire, par exemple) et l'optimisation de la productivité des process. Dans un contexte de concurrence accrue et de fluctuation des matières premières, les entreprises agroalimentaires doivent rester compétitives et donc innover. Ce qui se traduit par des investissements en R&D, mais aussi par la recherche d'innovations pour réduire leur consommation éner-gétique, mieux produire, etc.

Robots et automates à l'honneur

Parmi les lauréats, le fabricant stéphanois Siléane a reçu leTrophée de l'innovation dans la catégorie Equipements et procédés (voir encadré) . La société a en effet été récompensée pour son robot autonome de dévracage 3D Kamido,dont l'originalité est d'être capable d'agir et de se débrouiller seul en situation inconnue et complexe (extraction de produits un par un à partir d'un tas ou d'un bac pour alimenter une ligne de production, charger une machine ou encore préparer un kit ou une commande), sans besoin d'apprentissage préalable. « La technologie repose sur quatre briques : nos capteurs Vision 3D Reflex, l'algorithme temps réel Kamido pour l'interprétation du vrac, des robots industriels dimensionnés selon l'application et une gamme de préhenseurs adaptatifs », résume Hervé Henry, Pdg de Siléane.

A côté des robots mis à l'honneur, les visiteurs de l'édition 2015 du CFIA ont également pu découvrir les derniers produits lancés ces derniers mois par les fabricants dans les domaines des automates, des entraînements, des interfaces utilisateurs (comme ici le terminal graphique Allen Bradley PanelView Plus 7 Standard de Rockwell Automation).

Du côté d'ABB, le groupe helvético-suédois mettait en avant une cellule de palettisation compacte, composée d'un robot IRB 460 à quatre axes et d'un système de vision inté-grée, et sa nouvelle gamme de petits robots IRB 1200 conçus pour répondre aux besoins des applications modernes de manutention et de service de machines. Deux modèles sont d'ores et déjà disponibles, avec un rayon d'action de 700 et 900mm pour une charge utile respective de 7 et 5kg. Les fonctions du nouveau design permettent de réduire de 15% la taille des cellules robotisées et de 10% leurs temps de cycle. Ces robots se distinguent également par leur compacité – ils peuvent être montés dans n'importe quelle position –, leur robustesse (IP40 de série et IP67 en option) et leur facilité d'intégration (quatre alimentations en air comprimé, dix signaux client, un port Ethernet et le câblage intégré dans le robot). Dans le domaine des automatismes et des entraînements, ABB présentait le contrôleur AC500 PM595 (processeur 1,3GHz avec quatrepro-cesseurs RISC 32 bits, un processeur à virgule flottante double précision, 16Mo de mémoire pour les programmes utilisateur et une grande variété d'interfaces de communication) et le variateur ACS580 (0,75 à 250kW pour des tensions de 208 à 480V).

Toujours dans le domaine des automatismes, l'autrichien B&R présentait le dernier-né de sa gamme Automation PC, l'Automation PC 2100. « Encore plus compact que les autres modèles, c'est un PC industriel tout équipé,avec un processeur Atom à 1,2 ou 4 cœurs,un emplacement pour carte CFast, des interfaces Gigabit Ethernet, Powerlink et CAN, des ports USB 2.0/3.0, etc. Il peut êtreuti-lisé comme automate pour des applications temps réel dur ou PC pour des applications de visualisation exigeantes (jusqu'à 24 pouces Full HD),voire pour combiner les deux sur une seule et unique plateforme», indique Olivier Rambaldelli, responsable marketing chez B&R Automation France. L'autre grande nouveauté sur le stand de l'autrichien était le servovariateurAcopos P3, mais nous y reviendrons…

Des nouveautés en entraînements et en interfaces utilisateurs

Quant au danois Danfoss, le fabricant avait choisi de montrer entre autres le motovariateur VLT, dont le modèle FCM 106 récemment introduit permet de répondre aux applications avec des moteurs IE3 ou IE4 à venir. « Notre solution décentralisée, avec l'électronique sur le moteur,permet de réaliser des économies sur le câblage blindé et sur le refroidissement de l'armoire de montage (il n'y en a plus). Même si la plage de puissance ne s'étend que de 0,55 à 7,5kW,leVLT est bien adapté aux convoyeurs, à la ventilation,aux applications de pompage…», rappelle Tony Tarmis, responsable administration des ventes et marketing chez Danfoss France. Chez Leroy Somer (groupe américain Emerson), les principales nouveautés sont les variateurs de puissance Powerdrive F300 (1,1 kW à 2,8 MW) et Powerdrive MD2 (45 à 2800kW), l'offre de services pour les systèmes d'entraînement (audits et conseils avant-vente, mise en service et hot-line 24 heures/24, 7 jours/7) mise en place àl'automne 2014, les moteurs de nouvelle génération IMfinity (0,75 à 200kW pour les versions en aluminium et 675kW pour les modèles en fonte). Destinés à un fonctionnement sur réseau et sur variateur, ils ont été conçus pour fonctionner sur au moins 80% des tensions et fréquences dans le monde, en étant conformes aux réglementations énergétiques existantes (IE2 et IE3, 2, 4 et 6 pôles).

Pour rester compétitives dans un contexte concurrentiel mondial, les entreprises agroalimentaires doivent innover. Ce qui se traduit par des investissements en R&D, mais aussi par la recherche d'innovations. A l'image, par exemple, du robot autonome de dévracage 3D Kamido de Siléane.

Sur le stand de l'américain Rockwell Automation, on ne savait pas trop où donner de la tête entre les nouvelles fonctionnalités de son système d'automatisation de procédé PlantPAx (nouveaux modèles d'images virtuelles, gestion des recettes par lots et intégration étroite des commandes moteur intelligentes), la version 4.0 de la plateforme Pavilion8 pour le contrôle prédictif et la gestion environnementale en temps réel, version qui dispose notamment d'outils supplémentaires, de tableaux de bord de nouvelle génération et de tests automatiques par étapes, ainsi que le terminal graphique Allen Bradley PanelView Plus 7 Standard destiné aux constructeurs de machines. « Nous avons augmenté la résolution des écrans (WQVGA à SVGA et 4 à 10 pouces, selon le modèle) et proposons une gamme plus large d'options, pour que les données puissent être facilement visualisées de la manière qui convient le mieux à l'application de chaque utilisa-teur.Il est ainsi en mesure de prendre la bonne décision le plus vite possible », explique Bart Nieuwborg, responsable Produits Visualisation EMEA chez Rockwell Automation.

Même si les fabricants de capteurs étaient bel et bien présents à Rennes, à l'instar de Sick qui présentait par exemple le détecteur de brillance Glare, nombre d'entre eux réservaient leurs annonces pour les semaines à venir…

Pas de grandes nouveautés en mesure…

Que ce soit pour piloter un moteur, un robot ou plus généralement pour être capable d'optimiser un procédé, la mesure est la première pierre de l'édifice. Les visiteurs de l'édition 2015 du CFIA ont ainsi pu découvrir, en avant-première même, la trieuse pondérale intégrant l'inspection optique Garvens C3770 de l'américano-helvétique Mettler-Toledo, le modèle économique d'inspection par rayons X X ^5c de Loma Systems (groupe américain ITW), l'offre en trieuses pondérales du norvégienTelTek sur le stand du français Arpège Master K, son nouveau distributeur (voir Mesures n° 874) . L'allemand Sick, lui, mettait notamment en avant les détecteurs de luminescence LUTM et de brillance Glare. « La brillance est un effet optique qui peut parfois entraîner des erreurs lors de la détection d'un contraste, d'une couleur ou d'une luminescence.Avec notre nouvelle gamme de détecteurs de brillance, cette erreur devient un atout. Le détecteur Glare est en effet capable de reconnaître un niveau de brillance donné ou de distinguer différents degrés de brillance », explique Florent Poitrine, responsable Produits Identification, mesures et vision chez Sick France.

Parmi les nouveautés présentées sur le salon, on peut encore citer la vanne motorisée et désormais proportionnelle 290 d'Asco Numatics (groupe Emerson), le positionneur électropneumatique numérique 1436 cPos eco de l'allemand Gemü, le débitmètre à effetVortex Optiswirl 4200, destiné en particulier aux applications de mesure d'énergie, de l'allemand Krohne, le débitmètre à effetVortex Proline Prowirl 200 avec la technologie Heartbeat (voir Mesures n° 868) et les nouvelles prestations d'étalonnage suite à l'accréditation Cofrac en débitmétrie liquide du nouveau laboratoire de la filiale française du suisse Endress+Hauser, etc. Si les fabricants de détecteurs, de capteurs et de transmetteurs étaient bel et bien présents à Rennes, nombre d'entre eux présentaient «sous embargo» des produits qui n'allaient être annoncés officiellement que dans les semaines à venir, lors de la Foire de Hanovre en particulier… Rendez-vous donc l'année prochaine, du 8 au 10 mars 2016, pour la 20 ^e édition du CFIA!

(1) Source : Association nationale des industries alimentaires (Ania).