L’annonce avait été faite en janvier 2005, elle est passée dans les faits lors de l’Assemblée Générale mixte de la semaine dernière (le 3 mai) : le groupe Schneider Electric a modifié sa structure de gouvernance par l’adoption de la forme à Directoire et Conseil de Surveillance.
L’autre “nouvelle” n’en est pas non plus vraiment une. Comme prévu, Henri Lachmann a été nommé Président du Conseil de Surveillance et Serge Weinberg Vice-Président. Comme prévu également, Jean-Pascal Tricoire a été nommé Président du Directoire, et c’est donc lui qui assurera de fait la succession opérationnelle de Henri Lachmann.
Cette double annonce intervient dans la foulée de la publication d’excellents résultats trimestriels (voir notre actualité de la semaine dernière). Elle rassure les marchés car si Jean-Pascal Tricoire est un des plus jeunes “patrons” des entreprises du CAC40 (il n’a que 42 ans), il connaît très bien le groupe puisqu’il y est entré il y a 22 ans (il a réalisé toute sa carrière chez Schneider Electric) et qu’en tant que successeur désigné, il a pu se préparer. Il a aussi une longue expérience de l’international, ce qui est aussi un avantage compte tenu que le groupe est dans une dynamique de croissance à l’international.
Une chose est d’ores et déjà acquise : la politique de rachat d’entreprises va se poursuivre. Cette politique avait démarré avec Didier Pineau-Valenciennes qui avait créé un noyau dur en France, puis elle s’était déployée à l’international avec l’arrivée aux commandes de Henri Lachmann en 1999. Le groupe a encore un trésor de guerre (suite au “non” de Bruxelles pour le rachat de Legrand, il avait encaissé 3,6 milliards d’euros) qu’il va utiliser pour continuer à se renforcer dans le domaine de la basse tension, du contrôle industriel, de la gestion d’énergie. Jusqu’ici, le groupe s’est surtout focalisé sur des sociétés financièrement saines.
Dans la presse financière, on mentionne parfois que le groupe n’est pas à l’abri d’une tentative d’OPA. Mais plus le temps passe, plus le risque s’éloigne. Le groupe est une grosse proie (92.000 personnes, 11,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires) et il s’est valorisé de 60 % en un an. De plus, comme il joue maintenant les premiers rôles dans ses métiers, la menace de rachat par un concurrent direct s’éloigne car elle risquerait de se voir opposer un veto des organismes de surveillance de la concurrence (Bruxelles a fait capoter le projet de fusion de Honeywell et General Electric, ainsi que le rachat de Legrand par Schneider Electric…).(Mai 2006)