C 'est incontestablement le gros rachat de l'été. Schneider Electric, spécialiste mondial de la gestion de l'énergie et de l'efficacité énergétique, a lancé officiellement fin juillet une offre publique d'achat (OPA) amicale pour acquérir le groupe britannique Invensys. Offre acceptée par ce dernier. La transaction s'élève à la bagatelle de 3,9 milliards d'euros, dont 2,9 milliards en numéraire et 1 milliard en actions, ce qui fait de ce rachat la plus grosse acquisition du groupe français depuis 2007. Ce faisant, Schneider Electric entend renforcer de manière significative son offre en solutions de gestion de l'énergie auprès de ses clients industriels. « Le secteur industriel consomme environ un tiers de l'énergie produite dans le monde. Il est donc capital pour nous de répondre à la forte demande des grands groupes de l'industrie pour améliorer leurs procédés de production et leurs dépenses énergétiques », indique-t-on chez Schneider Electric. Doté d'un portefeuille d'activités allant de la distribution électrique aux automatismes industriels en passant par l'énergie sécurisée, la gestion des bâtiments et la sécurité ou encore les énergies renouvelables, c'est surtout son activité dans le secteur des automatismes que le groupe français va ainsi largement étoffer. Invensys s'est en effet récemment recentré en tant que fournisseur de logiciels industriels, de systèmes et d'équipements de contrôle pour les industries, après avoir cédé fin 2012, pour 2,2 milliards d'euros, son activité ferroviaire Invensys Rail à l'allemand Siemens. La finalisation de cette transaction est d'ailleurs effective depuis le mois de mai dernier.
Après avoir cédé, au printemps dernier, son activité ferroviaire à Siemens, le groupe britannique Invensys, ainsi recentré sur les logiciels industriels et les automatismes, faisait figure de candidat idéal pour Schneider Electric qui souhaitait renforcer son offre auprès de ses clients industriels.
Le bon moment pour acquérir Invensys
Ce recentrage d'Invensys, qui se traduit aujourd'hui par une réorganisation sous la forme de quatre segments de marché, à savoir les logiciels industriels, les automatismes (contrôle et sécurité des process industriels), les dispositifs de contrôle de l'énergie et les systèmes dédiés à l'électroménager, a sans doute été pour Schneider Electric l'élément déclencheur dans sa décision de jeter son dévolu sur le britannique. C'était clairement le moment de passer à l'action, Invensys étant ainsi requinqué et assaini financièrement et surtout “débarrassé” d'une activité, le ferroviaire, dans laquelle le français ne souhaitait pas s'engouffrer.
Comme souvent en pareille situation, les dirigeants des sociétés mettent en avant la synergie ainsi que la complémentarité optimale de leurs activités respectives. Ce que n'ont pas manqué de faire ceux de Schneider Electric et d'Invensys. Dans le cas présent, force est de constater que cette affirmation ne semble pas usurpée, les synergies entre les deux groupes étant évidentes dans le domaine des automatismes industriels alors que la complémentarité s'affirme du côté des secteurs applicatifs visés: le britannique est notamment très axé sur les débouchés tels que la production d'hydrocarbures et d'électricité, ainsi que les industries pharmaceutiques et agroalimentaires.
Lors de son exercice fiscal 20122013, Invensys a réalisé un chiffre d'affaires global en progression de 2%, à 1,79 milliard de livres sterling (2,15 milliards d'euros). Son bénéfice net a quant à lui bondi de près de 30%, à 128M£ (152Me). En 2012, la société employait 16 500 personnes. Quant à Schneider Electric, il a engrangé en 2012 un chiffre d'affaires annuel de 24 milliards d'euros (+7% par rapport à l'exercice précédent) pour un bénéfice net de 1,84 milliard d'euros (+3%). Ses ventes se sont réparties comme suit : 7,07 milliards d'euros (29,5 % du total) en Europe de l'ouest, 6,5 milliards (27,2 %) en Asie-Pacifique, 5,95 milliards (24,9 %) en Amérique du nord et 4,4 milliards (18,4%) dans le reste du monde .