L 'Industrie du futur, ou Industrie 4.0 outre-Rhin, fait l'objet depuis quelques années de conférences, de dé-bats, d'annonces, etc. S'il n'existe pas un fabricant d'automates, de capteurs, de logiciels ou d'autres équipements industriels qui ne s'inscrive pas dans ce nouveau concept, les mises en œuvre concrètes ne sont toutefois pas légion, pas encore pour l'instant. «
C'est la raison pour laquelle la plateforme industrielle du groupe belge Solvay et de Butachimie, située à Chalampé, à une vingtaine de kilomètres au nord-est de Mulhouse (Haut-Rhin), revêt une très grande importance, à plusieurs titres d'ailleurs. Il s'agit d'abord du premier site de production européen dédié à la fabrication de sel de nylon (polyamide 6.6), commercialisé sous la marque Stabamid et le composé de base pour la fabrication de nylon, et de ses intermédiaires (acide adipique, Olone…). Cette plate-forme chimique classée Seveso est organisée appartient pour cetteà activité ilancry@newsco.fr. en deux pôles de pro-Tout duction différents: l'un est opéré par Solvay et l'autre par Butachimie. Le site de Solvay est donc spécialisé dans la fabrication du sel de nylon pour trois types d'applications principales, à savoir les plastiques techniques, les fibres textiles et les fibres industrielles. Quant au site de Butachimie, un joint-venture à parts égales entre Solvay et l'américain Invista, il fabrique des intermédiaires de chimie nécessaires à la production de polyamide. L'adiponitrile (ADN) et l'hexaméthylène diamine (HMD) sont en effet des produits indispensables à plusieurs familles de produits, tels que le nylon, les plastiques, les fibres, les films, les revêtements de haute technicité, etc., pour la plupart des secteurs industriels (automobile, textile emballage…).
Obsolescence du système précédent
Pour donner une idée plus précise de la taille de la plate-forme chimique, le site de Chalampé occupe une superficie de 125 hectares, dont 50 encore disponibles, et regroupe un effectif de 1000 emplois directs et 3000 emplois induits. Les unités industrielles fonctionnent 24 heures/24 et 7 jours/7 et 1,8 million de tonnes de produits sont manipulés. Cela représente au total des investissements d'un montant de 30 à 50 millions d'euros par an en moyenne. e «
Créée en 1955,la plate-forme chimique Solvay-Butachimie a fait le pari d'investir dans la pérennité de ses installations pour la rendre encore plus compétitive. «
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La plate-forme industrielle de Solvay et de Butachimie, située à Chalampé (Haut-Rhin), est le premier site de production européen dédié à la fabrication de sel de nylon et de ses intermédiaires. Les responsables ont décidé de lancer la modernisation de la plate-forme chimique (projet MIRe) : il s'agit de migrer la totalité des systèmes de conduite de toutes les unités de production, entre 2012 et 2023.
Un « jumeau virtuel » pour le basculement…
Au-delà de la taille du projet, d'autres défis attendaient l'ensemble des acteurs du projet MIRe. Le process de fabrica-exemplaire tion du siteappartient chimique se à ilancry@ne caractérise d'abord par une méthode de produc-tion complexe en flux continu. La plateforme ne s'arrête donc qu'une seule fois tous les trois ans, pour une durée d'une à trois semaines seulement. «
Si la plate-forme de Chalampé se compose de plusieurs sous-unités de pro-duction, il était toutefois inconcevable que la sous-unité faisant l'objet d'une migration ne puisse pas redémarrer une fois son système de conduite moder-nisé.Au risque de briser toute la chaîne de production. «
Pour garantir la fiabilité des tests de la plate-forme avant la migration et le démarrage des sous-unités, Siemens a choisi son logiciel de simulation nu-mérique dynamique Simit qui permet de contrôler et de tester virtuellement l'intégralité du nouveau système de contrôle-commande Simatic PCS 7 (vérifier les différents comportements et les interactions, tels que les points les plus sensibles ou ceux pour lesquels il n'y a pas la possibilité de tester lesproduits),avant le basculement des programmes,sans risque, vers l'installation réelle. C'est ce que l'on appelle un « jumeau virtuel » : une réplique virtuelle partient numérique à ilancry@newsco.fr. de l'installation, To qui simule le comportement dyna-mique de l'atelier chimique. Le concept proposé par Siemens repose sur l'association d'un logiciel et de solutions intégrés permettant de numériser les installations et de garantir un échange fluide et continu des données à tous les niveaux, de la conception à l'ingénierie, en passant par l'installation, l'exploitation et la modernisation des sites, etc.
Pour fiabiliser les tests de la plate-forme avant la migration et le démarrage des sous-unités (ici, une salle de contrôle), Solvay et Butachimie font appel à un « jumeau virtuel ». À savoir une réplique virtuelle numérique de l'installation, qui simule le comportement dynamique de l'atelier chimique.
… et pour la formation des opérateurs
Après la traduction des programmes de pilotage du process dans le langage des Simatic PCS 7, le moteur de simulation Simit a en effet « aspiré » les données issues de tous les équipements (moteurs, pompes, vannes, capteurs et actionneurs), créant ainsi une base de données de simulation. Grâce à cette dernière, qui est mise à jour toutes les cinq minutes, tous les tests électriques, tous les débogages de programmes ont pu être menés à bien. Dans les nombreuses salles de contrôle du site, les opérateurs ont par ailleurs gagné en ergonomie, avec des écrans modernes qui remplacent les anciennes stations à touches personnalisées. «
La simulation sert également de socle pour la formation des opérateurs. «
La fin des travaux prévue en 2023
La «digitalisation», qui s'appuie, chez Siemens, sur le logiciel Simit adossé à Comos pour la conception et la gestion intégrée du cycle de vie des équipements et des procédés industriels, et le système Simatic PCS 7, passe par ailleurs par une ingénierie intégrée. Celle-ci réduit alors les sources d'erreurs en diminuant le nombre d'interfaces entre les différentes disciplines, accroît la qualité à toutes les étapes de l'ingénierie et raccourcit le temps de mise sur le marché en permettant le traitement en parallèle des différents processus opérationnels. Il est ainsi possible de réaliser parallèlement les tâches de génie des procédés, de planification de l'électrotechnique et d'ingénierie d'automatisation. 56 Le projet MIRe est prévu pour une durée de dix ans, segmentée en 21 étapes différentes.Avant les premiers travaux, Solvay et Butachimie ont procédé à une consultation auprès de six fabricants différents. L'une des conditions incontournables imposées par les entreprises portait sur l'obligation, pour le nouveau système de conduite de procédé, de pouvoir évidemment superviser les anciens contrôleurs RS3. «
De gauche à droite : Eckard Eberle, directeur de l'unité opérationnelle Process Industry & Process Automation de Siemens, Carl Patois, gérant de Butachimie, Claude Schlagenwarth, responsable du service Informatique industrielle de Butachimie, Vincent Jauneau, vice-président de Siemens, et Nicolas Vansante, responsable de production à l'atelier Acide adipique chez Solvay.
Après ce processus de sélection tech-nique et commerciale, qui a duré deux ans, la première étape de la migration a alors pu démarrer en 2011. Douze étapes sont d'ores et déjà achevées à ce jour, dont quatre en conduite mixte et huit en « full » Simatic PCS 7. En parallèle, une unité de process complète (côté Solvay) a entièrement migré en Simatic PCS 7. «