L'intelligence artificielle (IA) peut prendre de nombreuses formes différentes dans l'industrie. Après l'intégration dans des systèmes de edge computing et des caméras, par exemple, l'IA s'invite dans les enregistreurs sans papier. « L'intégration de l'IA s'inscrit dans la stratégie de Yokogawa Electric de fournir aux clients des solutions, et non plus seulement des produits sur étagère. Le groupe a d'ailleurs mis en place il y a quelques années une équipe dédiée à ce domaine, dont le rôle est de voir ce que peut apporter l'IA dans nos métiers, d'optimiser les algorithmes, de proposer des services de conseil en IA », rappelle Vincent Rousseau, chef de produit Edge Solutions – YEF-F chez Yokogawa France.
En visualisant les formes d'onde prédites par IA, les utilisateurs des enregistreurs vidéo GP et PX de Yokogawa Electric peuvent identifier la probabilité qu'une alarme se déclenche et prendre des mesures à l'avance.
L'une des premières applications concrètes est la détec-tion d'anomalies au niveau des enregistreurs sans papier Smartdac+ GP et GX et du logiciel Smartdac+GA10 du japonais, dans le cadre d'une maintenance prévisionnelle. « Il y a un peu plus d'un an, nous avons lancé sur le marché le Sushi Sensor, un capteur de vibrations et de température LoRaWAN qui, associé au logiciel d'enregistrement de données GA10 doté d'algorithmes d'apprentissage automatique (machine learning ; One-Class SVM), permet de surveiller l'état de santé de machines. Nous voulions aller encore plus loin dans la démarche, en étant capables de mener un diagnostic plus poussé d'un moteur, par exemple, afin de pouvoir préparer les éventuelles pièces à changer, etc. », explique Vincent Rousseau.
UN MODULE CPU SUPPORTANT PYTHON
Au niveau des enregistreurs vidéo GP et GX, l'IA se présente sous la forme d'une nouvelle fonctionnalité, baptisée « stylo du futur » (future pen) et basée sur un filtre de Kalman. « Elle permet de dessiner à l'écran, en temps réel, les 60 secondes à venir d'une forme d'onde, en se basant sur les 30 derniers points glissants. Et cela peut être appliqué sur dix voies de mesure », explique Vincent Rousseau. Le rôle de la fonctionnalité ne s'arrête pas là : « La courbe “prévue” est comparée aux seuils d'alarme prédéfinis, et l'utilisateur est en mesure de connaître l'heure précise de l'instant où un seuil risque d'être dépassé si aucune intervention n'est faite entre-temps », poursuit Vincent Rousseau.
Le système peut être configuré pour envoyer des notifications à l'opérateur, ce qui est très apprécié, car les opérateurs ne peuvent bien souvent pas rester à proximité de leur enregistreur sans papier ou de la supervision. L'intégration du « stylo du futur » n'est pas prévue dans les centrales aveugles. Vincent Rousseau tient à préciser qu'« il ne s'agit pas de remplacer les personnels, qui sont capables, à l'oreille, de dire que telle pompe ou tel moteur a un problème. Les fonctionnalités issues de l'IA viennent plutôt en complément des rondes et de la maintenance habituelle et peuvent permettre d'espacer dans le temps ces opérations. »
Yokogawa Electric a également introduit un nouveau module CPU pour la plateforme de edge computing e-RT3 Plus. La bibliothèque de logiciels rédigés en Python regroupe de nombreux outils que les programmeurs peuvent utiliser pour accélérer le développement de fonctions de diagnostic prédictif. « Les industriels n'ont pas à investir dans des compétences en intelligence artificielle, en mathématiques, en algorithmie et/ou dans des projets », conclut Vincent Rousseau.