L es années se suivent et se ressemblent pour le suisse Endress+Hauser. Le groupe a en effet enregistré une nouvelle fois, en 2014, un chiffre d'affaires record de 2,013 milliards d'euros, soit une hausse de 11% par rapport à l'année précédente, et un bénéfice après impôts de 192 millions d'euros (+2,3%). Après avoir franchi les 2 milliards (en dollars) l'année dernière, la société passe la barre des 2 milliards en euros, doublant ainsi son chiffre d'affaires en seulement huit ans. « Et pour la première fois de notre histoire,nous avons généré plus de la moitié de notre chiffre d'affaires en dehors de l'Europe », indiquait Matthias Altendorf, CEO du groupe pour la première année, lors de l'an-nonce des résultats financiers. Ce sont les Amériques qui affichent la plus forte croissance annuelle (+ 17,7 %), devant l'Asie-Pacifique (+ 11,7 %), l'Afr ique/Moyen-Or ient (+10,4%) et l'Europe (+8%). « Compte tenu du contexte économique actuel mitigé, il s'agit néanmoins d'un bon résultat en Europe, légèrement au-dessus de la croissance du marché », précise Urs Endress, président d'Endress+Hauser France, qui n'oublie pas d'ajouter que « le groupe est devenu le premier fabricant américain grâce à la délocalisation des moyens de production des concurrents, en particulier au Mexique ». Quant à la situation en Asie-Pacifique, elle fut inégale: si la croissance a ralenti en Chine, le sud-est de l'Asie s'est montré dynamique. Et l'instabilité poli-tique dans certains pays africains et du Proche-Orient s'est fait ressentir.
Urs Endress, président d'Endress+Hauser France
“ Compte tenu du contexte économique actuel mitigé, il s'agit néanmoins d'un bon résultat en Europe (hausse de 8% du chiffre d'affaires),légèrement au-dessus de la croissance du marché. ”
Mais cela n'a pas empêché Endress+Hauser de poursuivre le renforcement de son réseau de vente et de ses sites de production à travers le monde. Par exemple, avec l'ouverture d'une filiale aux Emirats Arabes Unis, de nouveaux centres de ventes à Barcelone (Espagne), Milan (Italie),Kuala Lumpur (Malaisie) et,prochainement,en Colombie. En ce qui concerne les sites de production, citons l'inauguration d'une ligne d'étalonnage à Yamanashi (Japon), l'extension du Centre de compétences en débitmétrie à Reinach (Suisse) ou la construction d'un bâtiment supplémentaire destiné à la R&D à Maulburg (Allemagne), où 60 millions d'euros ont déjà été investis en deux ans et demi.
Création de la start-up TrueDyne Sensors
« L'analyse gaz et liquide devient aujourd'hui un axe de développement fort pour nous. D'où l'investissement dans Analytic Jena pour la partie laboratoire,en plus des rachats de Kaiser Optics Systems et de SpectraSensors (voir Mesures n° 867) pour le process et le laboratoire », poursuit Urs Endress. Analytic Jena, dont les résultats ont été intégrés pour la première fois à l'exercice global du groupe –le chiffre d'affaires du groupe n'aurait crû que de 6 % à périmètre constant –, a d'ailleurs complété son offre d'instruments d'analyse élémentaire de traces avec l'acquisition de l'activité de spectrométrie de masse à plasma inductif (ICP-MS) de l'américain Brüker. En février 2015, la filiale Innovative Sensor Technologie (IST) a repris l'allemand Jobst Technologies, spécialisé dans la technologie des biocapteurs. « Nous avons même lancé, fin 2014, la start-up TrueDyne Sensors, pour la production et la vente de débitmètres et de densimètres gaz et liquide basés sur la technologie des microsystèmes », annonce Urs Endress.
Une croissance de 10 % en 2015 ?
Au total, le groupe suisse a investi 126Me en 2014, ce qui porte le total des investissements de ces cinq dernières années à 525Me, en parallèle d'une politique d'embauche régulière (12435 personnes dans le monde fin 2014, soit 516 de plus qu'en 2013). Cette année, la société a même l'ambition d'investir encore 179Me et de créer 600 postes. Endress+Hauser s'est également fixé pour objectif d'augmenter d'environ 10% (ou justeen-des-sous de 10%, tout dépendra du deuxième semestre) son chiffre d'affaires en 2015, à 2,2Mde.
Le démarrage de l'année 2015 a toutefois été plutôt réservé, surtout sur les grands marchés que sont l'Allemagne, la Chine et les Etats-Unis… sans compter l'incertitude quant à l'impact de la suppression du cours plancher de l'euro par la Banque nationale suisse. « Même si une grande partie de la création de valeur est indépendante du franc suisse, il y a un avant et un après 15 janvier 2015. Nous risquons alors d'assister à la délocalisation des productions hors de Suisse, mais pas forcément en France » , affirme Urs Endress.