«2230 PME ont été accomp agnéesversl'industrie du futur, via des dispositifs régionaux, à la fin 2016»

Le 05/07/2017 à 0:00

Mesures. Pouvez-vous rappeler l'origine et les objectifs de l'Alliance Industrie du futur?

Sylvie Guinard. L'Alliance Industrie du futur est un projet né il y a quelques années et qui a vraiment pris forme il y a deux ans. Nous fêtons ainsi, cette année, les deux ans d'un véritable projet national regroupant l'industrie mé-canique, un certain nombre d'autres fédérations proches de la nôtre et de centres techniques, ainsi que des partenaires du monde éducatif. Cette aventure a commencé sur le pari suivant: au-delà des moyens de production dont nous avions absolument besoin pour moderniser les usines françaises, nous devions faire face à de véritables enjeux, des enjeux organisationnels, normatifs et de promotion de l'industrie française. En partant du principe que l'industrie était la base d'un développement pour nos entreprises. Quand on considère que l'industrie générera demain trois autres types d'emploi, on se dit que préserver l'industrie, et même la développer, sur notre territoire français va permettre de créer les métiers de demain. Et, au-delà des seuls métiers qui nous importent, nous sommes dans un monde qui évolue très, très vite en termes de technologie, de numérisation, d'attente des générations qui arrivent,des collaborateurs et des citoyens. Nos entreprises sont donc l'un des acteurs majeurs avec lesquels nous allons acter toute notre démarche pour mener à bien les grands axes définissant le monde dans lesquel, en tant que Français et Européens, nous voulons vivre demain. C'est clairement un véritable projet de société.

Nous avons mis en place, à travers l'Alliance Industrie du futur et tous les partenaires, un certain nombre de relais pour capitaliser sur tout ce qui est en train d'être mis en place et pour mettre en contact les principaux acteurs des différentes régions avec les chefs d'entreprise desTPE et PME.

Sylvie Guinard, vice-présidente de la Fédération des industries mécaniques (FIM) et Pdg de Thimonnier

Foucha Muyard

Mesures.Vous parlez de numérisation, d'enjeux organisationnels, etc. Tous ces termes, et plus généralement le concept d'usine du futur, sont-ils entrés dans les entreprises?

Sylvie Guinard. Ce sont évidemment des démarches qui ont commencé à être prises en compte par un certain nombre d'entreprises et dans lesquelles, en particulier,les régions sont beaucoup impliquées au niveau de l'accompagnement, puisque, en France, la majorité des entreprises sont desTPE et des PME. Pour elles, la capacité à toucher du doigt toutes ces nouvelles technologies ou à se tenir informées des évolutions est compliqué, hormis au travers de leur propre réseau. C'est pour ces raisons que nous avons mis en place, à travers l'Alliance Industrie du futur et tous les partenaires, un certain nombre de relais pour capitaliser sur tout ce qui est en train d'être mis en place et pour mettre en contact les principaux acteurs des différentes régions avec les chefs d'entreprise des TPE et PME. Par exemple, dans la RégionAuvergne-Rhône-Alpes, les deux principaux vecteurs sont le Plan PME, un programme qui existait déjà avant et qui est en train de se réécrire en partie à l'aura de l'industrie du futur, ainsi que les Appels àmanifesta-tion d'intérêt (AMI), qui permettent à la fois d'accompagner les entreprises et de donner des budgets aux entreprises pour qu'elles puissent travailler sur les différents enjeux de l'industrie du futur.

Mesures.Quel est alors le bilan de ces deux années?

Philippe Choderlos de Laclos. L'engagement pris à l'époque était que 2000 entreprises soient accompagnées de choses restent encore à faire en termes de changement de culture d'entreprise. L'univers numérique doit donc nécessairement prendre une place de plus en plus grande pour que l'on crée de la valeur ajoutée, ce qui est justement une spécialité française. L'Alliance a en effet la capacité d'associer des personnes de l'immatériel à celles du matériel. C'est certainement une chance à saisir pour notre industrie, mais une chance sur laquelle nous devons mettre tous nos efforts pour la construire.

Mesures. Philippe Choderlos de Laclos a évoqué le Robot Start PME. Quel était l'objectif de ce plan initié il y a quatre ans et quel en est aujourd'hui le bilan?

Constant Bernard. L'idée de ce partenariat avec le Cetim était, comme son nom l'indique, de démarrer l'implantation du premier robot dans des PME, en visant 250 entreprises qui hésitaient à sauter le pas. Nous avions identifié des experts pour aider les entreprises à trouver la meilleure solution. Nous avons d'ailleurs été surpris du nombre d'experts existant en France (environ 170). Aujourd'hui, ce sont quand même 80-90 PME qui ont touché une subvention pour installer un robot dans leur entreprise. Il y avait en effet une partie de l'investissement prise en charge par le plan (environ 15000euros en moyenne, sur un projet d'un montant moyen de 150000e, soit 10%). Et 90% de ces entreprises n'hésiteraient pas à le refaire, parce que cela leur a apporté de la productivité, de meilleures conditions de travail en général et un plus grand nombre de commandes. Sur les 160-170 PME restantes, seule la moitié en est encore à l'analyse, le robot devant être livré à la fin de cette année.

Mesures. Parmi les 170 experts identifiés, combien maîtrisent la robotique collaborative?

Constant Bernard. Il y en a très peu. Même si le chemin entre la robotique et la cobotique est très étroit.

Philippe Choderlos de Laclos. En fait, nous n'avons pas un problème d'expertise. Il y a en France de bons spécialistes et de bons intégrateurs, et des champs d'applications énormes ne sont pas encore couverts en robotique. La meilleure preuve est qu'à la suite du plan Robot Start PME national, des opérations vont se décliner en régions, comme en Nouvelle-Aquitaine, avec des financements régionaux cette fois, puisque l'orientation du fameux Plan d'investissements d'avenir (PIA) ne prévoit pas de confirmer les financements nationaux.

L'exemple éclairant de l'entreprise Velum

Mesures. Pouvez-vous nous présenter votre entreprise?

Anne Vetter-Tifrit. Dans le milieu de l'éclairage, le groupe Velum est une entreprise de 180 personnes très atypique, puisque nous produisons de l'éclairage 100 % français pour le tertiaire et le commerce, en exportant plus de 25% de notre chiffre d'affaires. Mesures. Quelle était la raison sous-jacente à votre démarche?

Anne Vetter-Tifrit. L'arrivée de la Led a été un bouleversement dans notre domaine, comme beaucoup d'autres choses (impression 3D). Comme nous ne jugions pas la technologie des Led encore mature à l'époque, nous avons en fait attendu 2011 pour sauter le pas et lancer des produits innovants, différents et très techniques, évidemment. Aujourd'hui tout ce que nous fabriquons l'est à la commande, ce qui signifie qu'il n'y a aucun stock de produits finis chez nous. L'intérêt pour l'ensemble de nos clients est de pouvoir adapter de manière idéale les produits d'éclairage à leurs lieux. Comme par exemple des halls de production, où l'on va tenir compte du confort des opérateurs, de la dépense énergétique, de l'impact de la lumière extérieure, de l'évolution du prix de l'électricité selon les horaires, etc. Nos clients sont aussi des petits commerçants et la grande distribution. Aujourd'hui, nous sommes capables de fabriquer, sur la même ligne, une série de trois

projecteurs, qui peuvent être rouges, verts ou jaunes, suivie par une série de 10000 pièces. Mais tous nos produits sont désormais des Led. Les mots magiques pour l'industrie du futur, et pour être prêt demain, sont «agilité» et «flexibilité». Nous avons par ailleurs intégré un outil de thermolaquage complétement automatisé, piloté par notre ERP et qui se veut collaboratif, puisque nous voulons être ouverts au tissu local. Nous sommes ainsi devenus un sous-traitant pour certains de nos clients et nos anciens four-nisseurs. Et nous sommes même devenus notre propre sous-traitant pour la partie « éclairante », à savoir les projecteurs, les mâts des luminaires externes que nous fabri-quons sont peints sur notre chaîne.

Anne Vetter-Tifrit, présidente du groupe Velum

C. Lardière

Mesures. Pouvez-vous rappeler comment cette démarche s'est déroulée dans votre entreprise?

Anne Vetter-Tifrit. Le siège social de mon entreprise se situant en Alsace, nous avons pu bénéficier au départ, en 2015, d'un diagnostic, au même titre que beaucoup de PME et ETI «alsaciennes» et «rhônalpines». Ce diagnostic a confirmé la démarche que nous avions entreprise depuis plusieurs années, à savoir informatiser pas mal d'éléments, regarder ce que faisait la concurrence, travailler en collaboration. L'idée n'était en effet pas de tout avoir chez soi, mais de travailler avec des pépites présentes dans le tissu local. Pourquoi installer une machine-outil chez soi, s'il en existe une à deux kilomètres, qui peut servir à d'autres entreprises et qui est pilotée par une personne compétente? L'Alliance Industrie du futur prépare d'ailleurs des offreurs de solutions pour l'industrie du futur. C'est, pour moi, quelque chose de vraiment important, parce que les vitrines que nous sommes, ou que nous serons, en termes notamment de mise en relation des entreprises, engagent une démarche globale de la part de l'ensemble des PME et des ETI. Et cela va créer du business en local, au milieu des territoires et même au niveau national, c'est ce qui est formidable.

L'idée de notre démarche n'était pas de tout avoir chez soi, mais de travailler avec des pépites présentes dans le tissu local.Pourquoi installer une machine-outil chez soi,s'il en existe une à deux kilomètres et qui peut servir à d'autres entreprises?

Mesures. Nous venons de voir les dans l'industrie du futur sur les années 2015 et 2016. À la fin de 2016, les résultats sont plus que favorables,puisque, nous totalisons 2230 PME/PMI effectivement inscrites dans des dispositifs régionaux pour des opérations d'accompagnement (diagnostic, investissement), voire même déjà dans des opérations pour rentrer dans l'univers numérique ou dans un univers de trans-formation de l'entreprise dans le cas d'aspects stratégiques ou organisationnels. Nous avons aussi 1870 PME/PMI qui se sont engagées, au travers des dispositifs nationaux et des filières, telles que l'aéronautique ou l'automobile, ainsi qu'au travers de programmes spécifiques comme Robot Start PME porté par le Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), le Centre technique des industries mécaniques (Cetim) et le Syndicat des machines et technologies de production (Symop).Au total, nous avons, en l'espace de deux ans, accompagné 4100 entreprises, sur 5500 financements disponibles au niveau des ré-gions.Etnous avons même une prévision de 8000 entreprises identifiées à terme pour un accompagnement dans une démarche de progression vers l'industrie du futur, suivant les promesses de financeurs régionaux. Ce chiffre est à mettre en rapport avec les 30000 entreprises manufacturières en France et qui sont principalement des PME.Tout cela justifie pleinement toutes les opérations que nous avons déjà menées, d'autant que l'intérêt est non pas que quelques leaders seulement se conver-tissent à l'industrie du futur, mais bien que l'ensemble du tissu industriel trouve sa voie de progrès, son industrie du futur pour assurer le futur de notre collectivité nationale.

C. Lardière Quelle meilleure occasion que le salon Industrie Lyon 2017 pour parler d'industrie du futur ? C'est ce qu'ont dû se dire les organisateurs en proposant une table ronde sur le thème de « Deux ans après, le point sur le déploiement de l'industrie du futur ». Et les six intervenants n'ont pas manqué de se réjouir des résultats enregistrés en termes de PME et PMI d'ores et déjà accompagnées dans une démarche liée à l'industrie du futur.

C. Lardière

Philippe Choderlos de Laclos, directeur général du Centre technique des industries mécaniques (Cetim)

Foucha Muyard

Au total, nous avons, en deux ans, accompagné 4100 entreprises, sur 5500 financements disponibles au niveau des régions. Et nous avons même une prévision de 8000 entreprises identifiées à terme pour un accompagnement.

Mesures. Quel a été l'apport de l'Alliance Industrie du futur?

Philippe Choderlos de Laclos. Elle a été, à mon avis, un apport extraordinaire, parce que nous avons rendu les industriels responsables de leur destin. Rappelons que ce sont les fédérations qui se sont mises en responsabilité à la demande du ministre Emmanuel Macron à l'époque et qui se sont associées aux centres techniques industriels (CTI). Ce ne sont pas moins de huit centres qui sont associés à ces opérations pour appuyer le déploiement vis-à-vis du tissu industriel, un tissu qui doit absolument se rénover.

Mesures. Existe-t-il des disparités entre les régions?

Philippe Choderlos de Laclos. Oui, il y a effectivement des disparités entre les régions. On peut d'autant mieux en parler ici que c'est certainement la région Auvergne-Rhône-Alpes qui est en première position sur le déploiement et l'accompagnement des entreprises. Je voudrais quand même dire que ces chiffres, excellents, sont le reflet d'un miracle. Normalement, durant les deux années que l'on vient de traverser, nous avons vécu le chambardement des régions, dont le nombre est passé de 19 à 13, des changements de majorité au niveau des régions. En toute logique, tous ces événements auraient dû interrompre le flux. En réalité, bien au contraire, le flux a continué. Donc, indépendamment des fluctuations politiques, mon plus grand vœu est que cela continue encore. On n'arrête pas l'industrie du futur, et c'est très bien pour nous tous.

L'exemple de la fabrication additive chez le mécanicien Comefor

Mesures. Pouvez-vous nous présenter votre entreprise?

Géraldine Aubry. Comefor est une entreprise de 50 personnes, située sur le bassin stéphanois et qui fait de la mécanique de précision générale, avec une forte activité dans les secteurs de l'armement, du nucléaire, du pétrole, du médical. Peu de temps avant l'Alliance Industrie du futur, nous avons sauté le pas en nous tournant vers la fabrication additive, un thème que l'on avait déjà identifié comme innovant et porteur d'une vraie valeur ajoutée, d'une vraie complémentarité avec la fabrication soustractive. Cela a quand même représenté un très gros investissement pour une PME de 50 personnes, de l'ordre de 2 millions d'euros.

Mesures. Quelle était la raison sous-ja-cente à votre démarche?

Géraldine Aubry. Il faut savoir que Saint-Etienne est un territoire très mécanicien, mais avec de belles forces en fabrication additive au travers de la présence du Centre technique des industries mécaniques (Cetim), de l'École de Mines et d'autres acteurs majeurs qui s'étaient déjà lancés dans l'aventure. Cela nous a rassurés et, de toute façon, nous ne nous serions pas lancés s'il n'y avait pas eu ces acteurs sur le territoire. En menant notre propre analyse, nous avons vu que c'était le bon moment pour franchir le pas… avec le recrutement de personnes non formées. Il n'existait pas à l'époque d'écoles qui forment en fabrication additive, et c'est toujours le cas maintenant. Il y avait en fait deux raisons à notre démarche. La première idée était de disposer d'une partie «conception», ou «co-conception» tout du moins, en fabrication additive, parce que savoir concevoir autrement est vraiment très important. Dans un deuxième temps, la fabrication additive allait peut-être nous mener, dans quelques années, à être simplement des faiseurs de pièces avec des prix imposés. Il est en effet plus simple de fabriquer que de concevoir ; il suffit de voir les

Géraldine Aubry, dirigeante de Comefor et 3D&P

C. Lardière

Le fait que le Cetim, l'École de Mines et d'autres acteurs majeurs s'étaient déjà lancés dans la fabrication additive nous a rassurés et,de toute façon,nous ne nous serions pas lancés s'il n'y avait pas eu ces acteurs sur le territoire de Saint-Etienne.

imprimantes 3D que certaines personnes ont chez eux. Plus prosaïquement, le marché a été plus long que prévu à se positionner. Nous perdons pour l'instant encore de l'argent, mais c'est une aventure pour une PME et aussi une façon de voir les choses autrement. Avec ce pari, nous nous rapprochons d'autres acteurs, en faisant bénéficier de notre motivation, des compétences et du savoir-faire développés et acquis durant ces trois années. En tant que PME, c'est plus difficile. Il y a donc certainement un projet d'alliance qui va naître pour se rapprocher d'une ETI.

Sylvie Guinard. Je rejoins Géraldine Aubry sur le fait que les métiers que nous connaissons aujourd'hui vont beaucoup évoluer à l'avenir. Il ne faut pas se leurrer, on n'arrivera à vendre demain que si l'on vend autre chose que la simple réalisation d'une conception. Donc, soit on travaille sur l'innovation ou de nouvelles technologies, soit on apporte de la valeur ajoutée, un business model ou un service différent. De toute façon, nous allons nous faire concurrencer sur nos métiers traditionnels par des acteurs qui n'auront pas eu à faire les investissements engagés par nos entreprises manufacturières. Je pense que l'«ETI à la française» de demain ne sera pas une ETI telle qu'on la connaît aujourd'hui, à savoir une entreprise de 250 collaborateurs, mais plutôt une somme de plusieurs entreprises fonctionnant selon un système de cocréation, de copartage avec des partenaires, des écoles, des métiers connexes en amont et en aval. Cette génération de patrons va externaliser les fonctions de conception et de support, de la même manière que l'on a pu le faire hier pour la comptabilité ou l'informatique.

Mesures. Comment le marché de la fabrication additive a-t-il évolué en quelques années?

Géraldine Aubry. Il y a trois ans, nous devions être cinq ou six acteurs; aujourd'hui, nous sommes une quinzaine. Ce n'est certes pas une explosion, parce que les industriels sont frileux, la normalisation n'est pas encore là, etc. Mais, encore quelques années, et l'on y sera, je suis sûre.

Constant Bernard. Je vous annonce que le Symop a décidé de créer un groupe Fabrication additive, avec tous les intégrateurs. Il sera peut-être la prolongation du plan Robot Start PME et pourrait s'appeler, par exemple, 3D Start PME.

Sylvie Guinard. Si nos politiques régionaux ont mis en avant la volonté forte et affichée de travailler sur l'aspect numérisation des entreprises, dans leur accompagnement, je vois une autre donnée très importante qui diffère entre notre région et les autres. Il s'agit de la diversité des actions qui y sont menées. Dans un certain nombre de régions, les actions financées sont soit juste des diagnostics, soit consistent à résultats et l'exemple de deux entreprises qui se sont lancées dans l'industrie du futur ( voir encadrés ). Quel va être l'avenir?

Constant Bernard, président du Syndicat des machines et technologies de production (Symop)

Foucha Muyard

Aujourd'hui, ce sont quand même 80-90 PME qui ont touché une subvention pour installer un robot dans leur entreprise, dans le cadre du plan Robot Start PME. Et 90 % de ces entreprises n'hésiteraient pas à le refaire, parce que cela leur a apporté de la productivité, etc.

Philippe Darmayan. Nous avons montré la voie, mais nous n'avons pas fini de montrer la voie, parce que derrière le joli concept de l'industrie du futur, se cachent encore plein d'autres choses. Il faut donc continuer, touche par touche, comme un tableau impressionniste, à montrer ce que peuvent apporter le numérique, les nouvelles technologies, les matériaux nouveaux, ce que l'on est capable de faire en termes d'innova-tions, de baisse des coûts, d'accélération de mise sur le marché. Au-delà du mouvement général, il nous faut aussi décrire les opportunités et les dangers auxquels doivent faire face les PME, ainsi que l'industrie du futur par filière. Un travail a déjà été réalisé pour six filières, c'est-à-dire les quatre grandes du transport, la construction et l'alimentaire, et nous allons certainement élargir le sujet aux industries du process, comme l'acier. Si l'on crée un environnement favo-rable aux compétences, que les

Philippe Darmayan, président de l'Alliance Industrie du futur

C. Lardière

Nous avons montré la voie, mais […] derrièrelejoli concept de l'industrie du futur, se cachent encore plein d'autres choses. Il faut donc continuer à montrer ce que peuvent apporter le numérique, les nouvelles technologies, les matériaux nouveaux, ce que l'on est capable de faire en termes d'innovations, etc.

entreprises définissent des parcours de carrière permettant de connaître, d'anticiper les évolutions, tout se passera bien. Des problèmes quantitatifs risquent d'apparaître par endroits, mais c'est là que les territoires interviendront. Nous devrons par ailleurs travailler sur les territoires du futur, c'est-à-dire comment un territoire peut-il être «accueillant» pour les technologies nouvelles et réussir à avoir des politiques de territoire en fonction des industries implantées. On a un très bel exemple dans le Grand Est avec ce qui se fait sur Mulhouse, et la région lyonnaise n'est pas en reste non plus.Au-delà des questions d'infrastructures, du besoin d'emplois, de l'évolution des technologies, il faudra aussi travailler avec les Centres de formation des apprentis (CFA) pour que l'apprentissage soit cohérent avec tous ces aspects, et plus généralement sur la formation qui doit se faire dans les entreprises. On doit arrêter de penser le travail à la manière de [FrederickWinslow]Taylor, et plutôt le penser sous la forme d'une organisation fondée sur les compétences et les parcours de carrière. Nous avons face à nous un chantier très important, mais très enthousiasmant. C'est encore plus enthousiasmant que les Cercles de qualité dans les années 1980, parce que cela touche à la technologie, aux hommes, à l'inventivité. Et c'est ça, à mon avis, qui nous sauve.

Sylvie Guinard. Ce que je trouve extraordinaire dans la dynamique qui se met en place, c'est l'existence d'un grand nombre d'initiatives, plus ou moins individuelles, en tout cas de noyaux collectifs qui sont basés soit sur un territoire, soit sur des centres d'intérêt communs, et qui créent, innovent. Il y aura autant d'industries du futur que d'entreprises et de personnes qui auront envie d'écrire le parcours sur lequel ils se trouvent. intervenir sur quelques points de la numérisation. La région Auvergne-Rhône-Alpes est la seule à avoir travaillé de front sur tous les enjeux (diagnostic, enjeux technologiques, numérique, organisation, environnement, forma-tion et investissement). Comme seulement 500 PME se sont à ce jour lancées dans des opérations liées à l'industrie du futur, sur un total de 2790 que la région s'est engagée à accompagner à l'horizon de 2020,je lance un appel aux PME de notre région: « Les financements sont disponibles,les structures se sont mises en place, il ne reste plus que vous, chefs d'entreprise, à vous engager ».

Vous pouvez revoir l'intégralité de cette table ronde sur le site Internet de notre confrère Manufacturing.fr à l'adresse www.manufacturing.fr/v/deploiement-de-industrie-du-futur.

Bilan du déploiement de l'industrie du futur

À la fin de 2016, 2230 PME/PMI ont effectivement été inscrites dans des dispositifs régionaux pour des opérations d'accompagnement (diagnostic, investissement). 1870 PME/PMI se sont également engagées, au travers des dispositifs nationaux et des filières, telles que l'aéronautique ou l'automobile, ainsi qu'au travers de programmes spécifiques comme Robot Start PME. Au total, ce sont 4 100 entreprises qui ont été accompagnées en l'espace de deux ans, sur 5 500 financements disponibles au niveau des régions.

Mesures.A-t-on une idée plus détaillée des types d'opérations réalisés par les entreprises?

Philippe Choderlos de Laclos. L'attention des entreprises s'est surtout focalisée, pour l'instant, sur le «rattrapage», c'est-à-dire sur l'investissement et le retour de l'outil productif. Il est clair que le suramortissement a été un outil efficace pour accompagner ce nouvel investissement. Le suramortissement s'arrête d'ailleurs juste maintenant, ce qui justifie les derniers achats qui se font sur le salon Industrie Lyon. Et c'est une opération qu'il faudra certainement renouveler. Mais beaucoup

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