Emerson Process Management a réuni la presse la semaine dernière à Bologne (en Italie) afin de préciser sa politique en matière de transmetteurs de process sans fil. « Il ne s’agit pas d’utiliser des équipements sans fil à des fins de contrôle de procédés », a précisé d’emblée Tasos Anastasious, responsable technique chez BP, qui a conduit dans la raffinerie Cherry Point aux Etats-Unis les tests sur la technologie sans fil d’Emerson pendant près de trois ans. En effet, la fréquence de scrutation de l’ordre de la seconde ne permet pas son utilisation dans des boucles de régulation.
Cette technologie vient donc en supplément de toute l’instrumentation existante (4-20 mA, Hart, bus de terrain) pour apporter de nouvelles données. Elle est destinée avant tout à recueillir des informations sur des zones difficiles d'accès (points de mesure en haut d’une cheminée, dans un oléoduc ou gazoduc du désert sibérien, sur une plate-forme pétrolière, là ou toute solution câblée est inenvisageable) afin de mettre en place une maintenance prédictive du procédé. « Mettre des yeux et des oreilles partout où jusqu’à présent les technologies ne pouvaient pas aller, soit parce que c’était techniquement impossible, soit parce que c’était trop cher », souligne Mark Schmumacher, vice-président, responsable de la division Rosemount d'Emerson.
Le numéro un mondial de l'instrumentation de process propose donc ces équipements sans fil dans le cadre de ses solutions en matière de surveillance et de maintenance des procédés et les associe à son logiciel de gestion des équipements AMS. Ces solutions sans fil communiquent également avec les équipements d'automatismes.
Dans la philosophie du fabricant, il ne s’agit pas d’acheter un équipement par-ci par-là mais de “mailler” d’une manière la plus fine possible une installation. Les produits sans fil de Emerson utilisent le standard de communication IEEE 802.15.4, conçu pour les applications à bas débit et pour les équipements alimentés sur piles (ce standard est notamment utilisé par ZigBee; en plus des couches basse du réseau, ZigBee définit également la couche "application"). Il s'agit d'une technologie dite auto-organisée, avec un protocole TSMP (Time Synchronized Mesh Protocol). Chaque équipement peut servir de répéteur. Le système est dimensionnable jusqu’à plus de 1 000 nœuds de connexion. « Nous voulons vraiment mettre en évidence cette notion de réseau, souligne Frédéric Arnaud, responsable en France de cette nouvelle technologie sans fil. Un instrument sans fil tout seul n’apporte pas grand chose, il s’agit de choisir plusieurs points de surveillance dont l’analyse globale des données doit permettre de détecter le plus rapidement possible une défaillance ou une perte de performance ». C’est la raison pour laquelle Emerson commercialise cette solution sous la forme d’un kit de démarrage SmartPack composé au minimum de 5 transmetteurs sans fil Rosemount (température, pression, niveau, débit par pression différentielle), d'une passerelle sans fil et du logiciel AMS Intelligent Device Manager pour accéder aux informations de diagnostic prédictif via la passerelle sans fil. Cette solution de base commercialisée aux Etats-Unis à 15 000 dollars devrait coûter autour de 13 000 euros en Europe. (Janvier 2007)