L'essentiel
L'écurie de course automobile Tech 1 Racing a signé un partenariat technique avec Faro France, qui est devenu le fournisseur officiel des systèmes de mesure 3D de l'équipe toulousaine. Tech 1 Racing compte sur des outils de mesure de haute précision pour optimiser les performances de ses monoplaces. Un laser tracker permet par exemple de régler au micron près les hauteurs de caisse des véhicules. |
L 'accent du Sud-Ouest lui colle à la peau. Tout comme la passion qu'il porte au sport automobile… A 35 ans, l'ancien pilote professionnel Simon Abadie n'est jamais trop loin des circuits. S'il a désormais arrêté la compétition, c'est dans les coulisses de la course automobile qu'il relève de nouveaux défis. Le pilote est en effet devenu chef d'entreprise. Installé dans la banlieue toulousaine, il gère avec sa sœur l'écurie de courses Tech 1 Racing qu'il a créée en 2000. « C'était un vrai challenge , se souvient-il. A l'époque, je n'étais qu'un jeune pilote. J'ai monté mon dos-sier, je me suis appuyé sur plusieurs partenaires, et je me suis présenté devant les banques avec mon plan marketing et des rêves plein la tête ». Dès la première année, la nouvelle écurie devient vice-champion de France en Formule Renault 2000. Au fil du temps, ses budgets lui permettent de se présenter dans d'autres catégories, et de se distinguer dans les compétitions internationales de monoplaces World Series by Renault .
Depuis le début de l'année, Faro est le partenaire de Tech 1 Racing. L'écurie toulousaine utilise le bras de mesure Edge (associé au scanner Laser Line Probe) et le laser tracker Vantage du fabricant américain.
DRAprès avoir connu différentes mutations, Tech 1 Racing a trouvé son rythme de croisière. L'écurie évolue désormais dans deux catégories : la Formule Renault 2.0 et la Formule Renault 3.5. Elle dispose au total de huit voitures, et donc de huit pilotes, qu'elle accompagne jusqu'aux portes de la Formule 1. Aces derniers s'ajoutent une vingtaine de personnes employées à temps plein par l'écurie. « Il s'agit avant tout d'une aventure humaine, souligne Simon Abadie. Au-delà du palmarès, il y a la fierté de former des pilotes qui évolueront peut-être un jour en Formule 1, et de mener un vrai travail d'équipe avec tout le personnel » . Le cas de toutes les écuries? Pas forcément. « La différence de Tech 1 Racing réside dans sa stabilité. Notre personnel n'est pas constitué de prestataires présents le temps d'une course ou d'une saison… Il est formé de techniciens et d'ingénieurs qui travaillent ensemble depuis des années,qui se connaissent bien,et qui ont envie d'avancer dans la même direction ».
L'activité de l'écurie nécessite un budget de fonctionnement non négligeable (de l'ordre de 4,5 millions d'euros). Pour le financer, Tech 1 Racing fait appel à différents partenaires. Elle entretient tout d'abord des liens étroits avec les constructeurs automobiles évoluant en F1 (dont elle forme les pilotes). Par ailleurs, elle réalise un certain nombre d'opérations de communication pour ses sponsors, et noue des échanges plus “techniques” avec certains d'entre eux. Une formule intéressante pour chacune des deux parties. « Nous pouvons utiliser des outils de développement que nous n'aurions peut-être pas pu acheter, précise Simon Abadie. Quant à nos partenaires,ils bénéficient à travers ces échanges d'un outil de promotion,et ils peuvent s'appuyer sur notre équipe pour tester de nouveaux produits ».
L'écurie toulousaine Tech1 Racing participe aux championnats en Formule Renault 2.0 et 3.5. Depuis son implication en Formule Renault 2.0, elle a gagné un titre par an. En Formule 3.5, elle est la seule écurie à avoir conquis quatre fois le titre de “champion équipes”.
FaroUn échange de bons procédés
C'est ce type de partenariat que Tech 1 Racing a signé en début d'année avec la filiale française de Faro. La société, qui développe et commercialise des solutions de mesure et de numérisation, est ainsi devenue le fournisseur officiel de systèmes de mesure 3D de l'écurie toulousaine. « Faro est fière d'associer sa marque à celle d'une écurie de course française maintes fois récompensée, indique Christophe Bénard, responsable de Faro France. Ce partenariat nous permet aussi de perfectionner notre technologie de mesure 3D pour qu'elle réponde encore mieux aux exigences de la course automobile, ainsi qu'à celle des constructeurs de véhicules particuliers ou utilitaires ».
Du côté deTech 1 Racing, l'objectif est clair: accroître la performance des monoplaces. « Dans un environnement tel que le nôtre, chaque micron compte, observe Florent Gouin, ingénieur chez Tech 1 Racing. La moindre amélioration apportée aux véhicules peut avoir une incidence significative sur la vitesse et sur le palmarès de chaque course. Il est donc essentiel de pouvoir s'appuyer sur des systèmes de mesure précis pour optimiser le réglage des véhicules ».
La collaboration entre Faro etTech 1 Racing naît d'une rencontre sur le SIANE (salon des partenaires de l'industrie du Grand Sud) en 2011. Les deux acteurs évoquent alors la possibilité de construire une relation durable sans passer par un sponsoring uniquement financier. Le projet prend forme peu à peu. Il se concrétise en début d'année 2013 lorsque Faro fournit à l'écurie de course deux instruments de mesure: le bras Edge (associé à un palpeur à contact et au scanner Laser Line Probe) et le laser trackerVantage. Tech 1 Racing compte utiliser ces équipements pour améliorer les réglages des voitures de course. Dans ce type de compétition, en effet, chaque équipe dispose à l'origine des mêmes véhicules. « Les éléments qui constituent les véhicules de course sont des pièces standard livrées par Renault à chaque écurie. L'unique moyen de se différencier consiste donc à jouer sur les réglages » , explique Florent Gouin. La tâche n'est pas si simple. Sur chaque voiture, il y a près d'une vingtaine de paramètres à régler: la souplesse et la géométrie des suspensions, les niveaux aérodynamiques, les angles des roues, etc. A l'issue d'une course ou d'une séance d'essai, l'équipe analyse le ressenti du pilote, mais aussi les résultats fournis par la centaine de capteurs qui équipent le véhicule. Le “jeu” consiste alors à trouver la meilleure combinaison de paramètres qui permettra d'augmenter encore les performances lors de la prochaine compétition… Par ailleurs, « il faut aussi tenir compte du circuit sur lequel le véhicule évolue. Suivant les cas, les besoins sont différents. Le circuit de Monaco, par exemple, nécessite de régler la pression et l'angle des pneus de façon à obtenir une hauteur de caisse statique relativement élevée, car le véhicule doit avoir une certaine souplesse », ajoute l'ingénieur deTech 1 Racing. Grâce à la mesure, l'écurie sait qu'elle peut quantifier l'influence de chaque paramètre sur les performances obtenues. Elle assure aussi la fiabilité et la reproductibilité de ses réglages. Bref, « la mesure n'est pas qu'un moyen de contrôle. Elle intervient directement au cœur du process,pour nous permettre de corriger des paramètres et améliorer les performances de nos véhicules » , constate Simon Abadie.
Le laser de poursuite Vantage est l'un des équipements que Faro a mis à la disposition de l'écurie de course Tech 1 Racing.
DRLa hauteur de caisse étant un paramètre essentiel, elle a tout naturellement fait l'objet de la première application des systèmes de Faro. Les essais, qui ont eu lieu en février, se sont avérés concluants. Le laser trackerVantage permet de régler au micron près les hauteurs de caisse des monoplaces.Pour cela,il suffit de poser le réflecteur laser à l'endroit où l'on souhaite prendre la mesure.Le tracker détecte automatiquement la cible, matérialisée par le réflecteur, et calcule sa position par un principe de mesure de distance absolue (ADM).
Avant d'utiliser cet instrument, Tech 1 Racing employait des appareils de mesure manuels, tels que des pieds à coulisse ou des capteurs optiques de distance. « Il fallait réaliser une mesure déportée en évaluant la hauteur entre le sol et une projection de deux points matérialisés aux axes des roues, souligne Florent Gouin. Désormais, il est possible de réaliser une mesure directe, par le haut du véhicule ». Résultat, un gain en précision, en fiabilité, et en simplicité de mise en œuvre… De plus, il n'est pas nécessaire d'installer le système de mesure à proximité immédiate du véhicule : le laser de poursuite se caractérise en effet par une distance de mesure importante (jusqu'à plusieurs dizaines de mètres). La précision volumétrique, quant à elle, s'élève à 0,098 millimètres à une distance de 10 mètres. Enfin l'appareil se distingue par sa robustesse et sa compacité, qui lui permettent de s'intégrer facilement à l'atelier.
Pour réaliser les mesures à l'aide du laser tracker, il suffit de placer le réflecteur à l'endroit voulu. Le tracker détecte alors la cible et calcule sa position.
DRDe nouveaux projets
Satisfaits des résultats de cette première expérience, les deux partenaires songent déjà à la suite. Pour la société Faro, il s'agit de s'assurer que les produits qu'elle développe ont toute leur place dans ce type d'applications. Ou plutôt de le confirmer, car le fournisseur n'en est pas à son coup d'essai. Ses équipements sont déjà utilisés dans une grande variété d'applications liées aux sports motorisés : les contrôles dans la construction de maquettes de souffleries, la vérification de l'assiette en position aérodynamique, la numérisation et la rétroconception des modifications apportées aux maquettes, la numérisation laser de profils de siège pour obtenir une meilleure ergonomie, etc. Mais la société compte aller encore plus loin. « Nous envisageons aussi de faire tester de nouveaux produits à Tech 1 Racing », précise Christophe Bénard. Du côté de l'écurie de course, les projets sont multiples. Le contrôle et la numérisation des boîtes de vitesse devraient faire l'objet d'une nouvelle application dans les semaines à venir.A plus long terme, l'écurie envisage de numériser en 3D les véhicules de course. Ces résultats devraient lui faciliter la tâche pour optimiser la position des logos ou des autocollants publicitaires sur chaque voiture. Pour cela, Faro dispose déjà de la solution adaptée: lescannerlaserFocus3D.L'instrument sera probablement utilisé à très court terme par l'écurie toulousaine. Celle-ci envisage d'ailleurs de s'en servir également pour numériser les circuits de course.Tech 1 Racing a en effet développé son propre simulateur pour aider ses pilotes et ses techniciens. Celui-ci, installé au centre d'essais du Nogaropôle dans le Gers, permet de vivre les courses dans un environnement“plus vrai que nature”.Il offre ainsi une double vocation: entraîner les pilotes et servir de plate-forme d'essais. « En utilisant un scanner laser, nous pourrons numériser les pièces nues (avant et après montage) et les circuits de course. Cela nous permettra d'affiner encore les réglages du simulateur et d'obtenir un outil très performant », explique SimonAbadie.Derrière ce projet, il y a aussi la volonté, à terme, de commercialiser le simulateur. Tout en gardant son activité dans la course automobile, l'écurie souhaite en effet se diversifier et réaliser davantage de prestations. « Le but est d'inscrire davantage Tech 1 Racing dans une dynamique de bureau d'études. Nous pouvons désormais commercialiser nos développements et notre savoirfaire », précise l'ancien pilote. Pour l'instant, Simon Abadie ne s'interdit rien. Il rêve déjà d'un nouveau projet: construire avec son équipe sa propre voiture de course…