Les ScopeMeter 190 série II de Fluke sont des oscilloscopes portables qui se distinguent par leurs 4 voies et leur sécurité renforcée.
Le marché des oscilloscopes reste dynamique. Les nouvelles annonces se suivent mais ne se ressemblent pas. Fin 2010, Tektronix lançait sa nouvelle série DPO/MSO5000 comptant 4 modèles couvrant des bandes de fréquence allant de 350 MHz à 2 GHz. En février, c’est Agilent Technologies qui renforçait considérablement son offre d’appareils entrée de gamme en introduisant les familles InfiniiVision 2000 X-series et InfiniiVision 3000 X-series dotées d’un écran couleur WVGA de 8,5 pouces, et qui proposent respectivement, selon les modèles, des gammes de fréquences de 70 à 200 MHz et de 100 à 500 MHz. En ce début d’année, c’est au tour de Lecroy d’annoncer la sortie des WaveRunner 6Zi, la sixième génération de la gamme WaveRunner qui a fait ses débuts en 1999 sur le marché. C’est dans un tout autre registre que Fluke s’est distingué fin 2010 : celui des oscilloscopes portables. Les ScopeMeter 190 Série II se parent de 4 voies de mesures et élèvent leur niveau de protection et de sécurité électrique. Voici la revue de détails de ces deux dernières nouveautés.
Jusqu’à présent seul le français Metrix se distinguait sur le marché des oscilloscopes portables en proposant les appareils de la famille OX7000 équipés de 4 voies de mesures. Il est désormais rejoint sur ce créneau par l’américain Fluke avec ses ScopeMeter 190 Série II dont la première génération, datant de 1999, ne proposait que 2 voies. « Mais il faut surtout noter, insiste Bruno Comby, directeur marketing de Fluke France, que ces appareils sont vendus à un prix équivalent voire inférieur à leurs homologues 2 voies du marché. Nous avons réalisé de gros efforts au niveau de leur positionnement tarifaire tout en améliorant certaines de leurs caractéristiques indispensables à un usage industriel ». On peut en effet constater que sur le site de vente d’instruments sur Internet Testoon que les modèles 2 voies de la série I sont commercialisés au prix de 3550 euros (modèle 196C, 100 MHz) et 4107 euros (modèle 199C, 200 MHz) alors que ceux de la série II sont proposés à 3490 euros (modèle 190-104, 100 MHz) et 3990 euros (modèle 190-204, 200 MHz).
Leur prix baisse mais leur niveau de sécurité électrique est renforcé. Les ScopeMeter 190 Série II sont les premiers appareils de la gamme certifiés pour une utilisation dans des environnements 1000 V CAT III et 600 V CAT IV. Ils intègrent des composants d’isolation optique et galvanique afin de proposer des entrées complètement flottantes qui protègent l’utilisateur sans recourir à des sondes différentielles supplémentaires pour effectuer des mesures différentielles sur des systèmes triphasés. « Cette double isolation assure aucun contact quel qu’il soit avec la terre pour protéger l’utilisateur, l’équipement testé et l’instrument lui-même », précise Bruno Comby. Ces appareils sont par ailleurs enfermés dans un boîtier clos qui leur confère un indice de protection IP51 (protégé contre la poussière et les gouttes d’eau tombant verticalement). Cette caractéristique a pu être obtenue grâce à un effort particulier sur la dissipation thermique des composants électroniques.
Ces oscilloscopes 4 voies qui requièrent quatre convertisseurs analogiques-numériques consomment davantage d’énergie que les modèles 2 voies. Leur consommation ne devait cependant pas dépasser 7 watts environ indique le constructeur. « Paradoxalement, ajoute-t-il, cette restriction ne provient pas uniquement de la nécessité d’assurer la plus longue autonomie à la batterie, mais des exigences de protection du boîtier contre la poussière et l’humidité dans des environnements industriels ».
Pour relever ce défi, Fluke a développé un circuit intégré spécifique (ASIC) qui intègre les convertisseurs analogiques-numériques pour 4 voies flottantes ainsi que 4 multimètres, la mémoire numérique et une grande partie des circuits de traitement. En réunissant plusieurs fonctions sur une même puce, la consommation énergétique a été ainsi optimisée. En effet, sur un circuit électronique classique constitué de plusieurs puces et composants discrets, une grande partie de l’énergie est perdue dans les connexions entre les composants. Cette énergie se disperse sous forme de chaleur qui ne peut être évacuée dans un boîtier étanche sans grilles de refroidissement ou ventilateurs.
L’intégration de plusieurs fonctions sur une même puce électronique assure par ailleurs l’intégrité des signaux échangés entre les blocs fonctionnels, et la réduction du nombre de contacts mécaniques diminue le risque de défaillance due aux chocs ou aux vibrations. De plus, elle contribue à la compacité de l’instrument dont les dimensions sont guère supérieures à celles de leur homologue 2 voies (256x169x64 mm contre 265x190x70 mm pour les modèles 4 voies). Et leur poids (2,2 kg), batterie incluse, ne dépasse que de 200 grammes celui de leurs aînés. Le compartiment batterie a par ailleurs été repensé. « Une trappe donne accès à la batterie qui peut être ainsi changée sur le terrain et sans outils spécifiques. La batterie lithium-ion de 4800 mAh procure jusqu’à 7 heures d’autonomie contre 3 à 4 heures pour la génération précédente », observe Bruno Comby. Pour faciliter la sauvegarde de données loin de l’atelier, Fluke a doté les ScopeMeter 190 séries II d’un second port USB pour la connexion d’une clé mémoire en complément du port mini-USB pour l’interfaçage avec un PC. Il est ainsi possible de stocker ou de transférer des formes d’onde, des configurations et des copies d’écran. « Ces interfaces sont totalement isolées des circuits de mesures de l’appareil afin de protéger l’utilisateur et l’ordinateur des tensions élevées », précise Bruno Comby. Ces instruments portables sont par ailleurs pourvus du mécanisme de verrouillage Kensing-ton (identique à celui utilisé sur les ordinateurs portables) afin de les attacher à un support par un câble et ainsi prévenir tout vol lorsqu’ils sont laissés sans surveillance sur site lors d’une campagne d’enregistrements de longue durée.
Côté spécifications de mesures, les ScopeMeter 190 série II affichent comme leurs aînées une bande passante de 100 ou 200 MHz, une vitesse d’échantillonnage de 1,25 Géch./s par voie (jusqu’à 2,5 Géch./s par voie sur deux voies pour le modèle 200 MHz) et une profondeur mémoire de 10000 points par voie en mode Oscilloscope (contre seulement 3000 pour les précédents modèles) et 27500 points par voie en mode enregistreur.
Youssef Belgnaoui