Le numéro un mondial de l’instrumentation électronique ne fait pas dans la demi-mesure. Il s’attaque au marché du PXI en lançant simultanément près de 50 instruments à ce format.
Il aura fallu plus de dix ans pour qu’Agilent Technologies se lance réellement sur le marché de l’instrumentation au format PXI, créé en 1998 par National Instruments. « Il s’agit du lancement le plus important en instrumentation modulaire de l’histoire de l’entreprise », se réjouit Larry Desjardin, directeur général de la division produits modulaires. L’annonce de l’introduction simultanée sur le marché de pas moins de 48 références PXI et AXIe est en effet impressionnante.
Côté PXI, il s’agit de numériseurs, de générateurs arbitraires, de sources V/I, d’un oscilloscope, de multimètres, de matrices de commutation et de multiplexage (26 modèles), d’un compteur, d’un testeur de taux d’erreur de bit, d’un analyseur de communication numérique, d’un générateur de pattern… sans oublier un châssis de 18 emplacements hybrides (dont 2 pour le contrôleur) et l’analyseur de signaux vectoriels hyperfréquences (VSA) M9392A au format PXI qui autorise une analyse jusqu’à 26,5 GHz. Aucun contrôleur PXI embarqué ne fait partie de cette offre mais Agilent propose une interface PCIe (x8) pour une connexion du châssis à un PC et une autre (x1) pour une liaison à un ordinateur portable. « Mais ce n’est qu’un début, prévient Larry Desjardin. Nous allons poursuivre le développement de produits PXI et AXIe et ainsi mettre notre expertise en test et mesure au service de l’instrumentation modulaire. » Côté AXIe, l’offre n’est pas encore significative. Elle est désormais constituée des deux premiers châssis AXIe du marché (deux logements de 2U et cinq logements de 4U) et l’analyseur U4301A de bus PCIe Gen 3.
Si Agilent a tardé à s’implanter massivement dans le monde du PXI, elle y avait toutefois déjà pris quelques positions. En 2006, elle fait l’acquisition d’Acqiris et de PXIT. Le premier était spécialisé dans les numériseurs aux formats PCI, CompactPCI et PXI. Le second proposait notamment des analyseurs et des générateurs pour les tests de transmission de données à haut débit au standard PXI.
Les débuts de l’AXIe
Rappelons que le format AXIe (AdvancedTCA Extensions for Instrumentation and Test) est une extension du standard AdvancedTCA (ATCA) pour l’instrumentation avec notamment des lignes de synchronisation d’horloge et de déclenchement. Il est soutenu par un consortium de constructeurs d’instruments fondé en novembre 2009 par Aeroflex, Agilent Technologies et Test Evolution. « Il n’exclut absolument pas le PXI ou le LXI. Il réutilise ce qui se fait de mieux aujourd’hui. C’est un standard qui offre une densité beaucoup plus importante, de la ventilation, de la puissance et des liens très rapides entre cartes », explique Laurent Weber d’Agilent Technologies. Le constructeur américain confirme ainsi son engagement vis-à-vis du standard LXI qu’il a créé en 2005, avec VXI Technology (rebaptisée VTI Instruments). Le LXI (Lan eXtension for Instrumentation) s’appuie sur Ethernet pour assurer le contrôle d’un instrument par un PC. Cela restera son interface de communication de prédilection pour les appareils traditionnels doté d’un écran et d’une IHM. L’USB sera réservé aux instruments portables et d’entrée de gamme. Le format PXI sera privilégié pour l’instrumentation modulaire d’usage général. L’architecture AXIe sera son pendant pour les applications exigeants de hautes performances, des capacités de dissipations thermique importantes, de la puissance (jusqu’à 200 W par emplacement) et des cartes de plus grandes tailles. La naissance de l’AXIe sonne donc le glas du format VXI (adaptation du VME aux besoins de l’instrumentation) lancé en 1988. Agilent supportera les applications VXI existantes mais ne développera plus de produits dans ce domaine. De même, l’interface GPIB normalisée en 1975 sous la référence IEEE 488.1 (elle avait été conçue en 1965 par la division instrumentation de Hewlett-Packard, qui a donné naissance a Agilent Technologies en 1999), va peu à peu disparaitre. Aucun nouvel instrument ne sera doté uniquement de cette interface de communication avec un PC. Elle est déjà le plus souvent proposée en option. Elle reste disponible sur d’anciens modèles et est inexistante sur d’autres. Lorsqu’elle est nécessaire à l’application, il sera toujours possible d’employer un contrôleur de bus GPIB externe à connecter sur port USB ou Ethernet de l’apparareil.
Youssef Belgnaoui