C’est un constat dressé par l’Afim (association française des ingénieurs de maintenance): en 2010, la filière maintenance a perdu près de 45 % de diplômés, après la réforme du bac professionnel. « Alors que le but de la réforme était d'attirer plus de jeunes vers le bac professionnel, la chute est brutale avec 6 200 diplômés de moins qu'en 2009 », souligne l’association.
Cette dernière avait déjà tiré la sonnette d’alarme en 2007, en attirant l’attention sur le risque d’une sévère baisse du recrutement de la filière si l’on supprimait une année de formation dans l’obtention du bac professionnel. En 2008, elle s'était manifestée auprès du ministre de l'éducation pour évoquer ce risque et lui demander le maintien du BEP MEI rénové en 2005. "Les deux années pratiques du BEP réconciliaient beaucoup d'élèves avec les études, car c'est très souvent en situation d'échec dans l'enseignement général qu'ils empruntaient cette voie, peut-on lire dans le constat de l’Afim. Pourquoi tant d'obstination à vouloir réformer ce qui fonctionne à la satisfaction de tous ?"
Depuis 1998 déjà, l’Afim intervient auprès des institutions pour rappeler l’importance et la nécessité de la formation pratique. « Nous rappelions alors que ces métiers ne peuvent pas s'opérer sans des mains intelligentes et entraînées », indique l’association. On ne peut imaginer de maintenance sans l'intelligence du geste et sans la formation qui la soutient ».
Par ailleurs, l’association insiste sur le fait que « si notre dispositif de formation en maintenance continue de baisser la garde comme cela a été le cas avec la suppression du BEP, et si l'enseignement de la physique et de la mécanique sont délaissés en classe de seconde, comme annoncé pour la filière STI, alors nous pouvons craindre le pire » : le risque énoncé, c'est que les « patrimoines techniques et immobiliers connaissent une inévitable dégradation », mais aussi que l’on aille vers une extinction des filières professionnelles. « Il est plus facile de croire aux bienfaits de l'économie de la connaissance que de former des ajusteurs, des tuyauteurs, des électriciens, des chauffagistes, des robinetiers, des chaudronniers, etc. Ces métiers transverses, fondés sur la maîtrise des technologies, souffrent d'un manque évident de reconnaissance. Pourtant notre économie a besoin de ces techniciens... Pour cela nous devons consolider la filière d'enseignement à la maintenance et attirer de nouvelles vocations ».