LeCroy étoffe à nouveau sa gamme d’oscilloscopes. Parmi les annonces récentes, on retiendra tout particulièrement celles relatives aux logiciels d’analyse en temps réel des signaux.
Longtemps catalogué comme spécialiste des oscilloscopes “à mémoire longue”, LeCroy cherche de plus en plus la concurrence frontale avec Tektronix et Agilent Technologies, les deux leaders du marché. Avec les WaveJet en entrée de gamme, les WaveSurfer au milieu, les WaveRunner et autres SDA en haut, le constructeur américain s’estime aujourd’hui bien armé pour lutter sur tous les fronts contre ses concurrents américains et japonais. Le marketing n’est pas en reste : chaque année, la société organise une réunion de la presse européenne pour solenniser de nouvelles annonces. La dernière en date a eu lieu le mois dernier. Après l’annonce au printemps de l’analyseur de données SDA 18 000 et sa bande passante de 18 GHz (qui redonne la pole position à LeCroy), on ne s’attendait pas à des annonces fracassantes. De fait, on a eu droit à des annonces de “consolidation”, permettant à Lecroy de démontrer une fois de plus sa volonté d’occuper tous les créneaux, avec les annonces des modèles 4 voies WR104i (1 GHz de bande passante), WR204Xi (2 GHz de bande passante) et WS 104Xs (1 GHz), qui étendent vers le haut les gammes WaveRunner (pour les modèles WR) et WaveSurfer (modèle WS). Sur le plan matériel, la société américaine a également annoncé les sondes actives ZS, offrant une impédance d’entrée de 1 MW /0,9 pF, pour une bande passante de 1,5 GHz. Elle indique qu’aucun modèle du marché n’a simultanément une résistance aussi élevée et une capacité aussi faible, et aucune sonde ne fait donc mieux pour préserver l’intégrité du signal. Nous reviendrons sur ces annonces dans nos prochains numéros.
Mais de la dernière conférence européenne, nous retiendrons ici deux annonces qui visent à faciliter l’utilisation des oscilloscopes. Toutes deux concernent le logiciel.
Isoler des événements rares
Les techniques de déclenchement “matériel”, aussi évoluées soient-elles, ne permettent pas d’isoler tous les événements présents dans un signal. WaveScan permet d’aller plus loin : il s’agit d’un outil d’analyse évolué conçu pour localiser des événements rares en une unique acquisition, ou balayer en cherchant un évènement sur plusieurs déclenchements pendant une longue durée (des heures, voire des jours). « La sélection se fait parmi 20 modes de recherche ( largeur d’impulsion, fréquence, temps de montée, “runt”, rapport cyclique, etc..) ; il suffit ensuite d’appliquer la condition de recherche (>, <, <>, ><, limites de valeurs, etc.) et de démarrer le balayage » résume Jean Laury, responsable des ventes de LeCroy France. En monocoup, WaveScan indentifie l’évènement anormal avec un encadrement rouge, et liste toutes les valeurs dans un tableau. A partir de là, l’utilisateur peut zoomer pour visualiser, ou bien appliquer d’autres outils d’analyse pour compléter le débogage.
WaveScan s’appuie sur la technique XStream mise en œuvre par LeCroy sur ses oscilloscopes, qui permet de réaliser des centaines de milliers de valeurs de mesures dans une seule acquisition. Comme ces modes de balayage ne sont pas simplement des reproductions du déclenchement “matériel”, les possibilités en sont d’autant plus vastes. Par exemple, l’oscilloscope peut rechercher une certaine fréquence en dehors de limites définies, ce qu’aucune fonction de déclenchement ne permet. Ensuite, WaveScan peut être programmé pour arrêter la recherche, sauvegarder les courbes, redémarrer la recherche, sauvegarder l’image de l’écran, etc. Ceci permet à l’utilisateur d’accumuler un ensemble de données relatives à des évènements anormaux, et facilite donc une mise au point plus rapide.
Sur les WaveRunner Xi, WaveScan offre des possibilités supplémentaires. Les évènements trouvés peuvent être superposés afin de pouvoir les comparer simplement les uns aux autres. « De plus, pour les fonctions de recherche basées sur des mesures (comme la fréquence, par exemple), il est possible de créer un ScanHistogram afin de visualiser une distribution statistique des résultats. Ces outils d’analyse facilitent la compréhension et accélèrent grandement la phase de débogage. Nous sommes les seuls à proposer ce type de représentation », indique M. Laury.
Faciliter l’analyse des bus I2C et SPI
LeCroy annonce par ailleurs les options I2Cbus TD et SPIbus TD Trigger & Decode pour les gammes WaveRunner Xi et WaveSurfer XS : ces options de déclenchement et décodage facilitent le développement et la mise au point des applications embarquées. Rappelons que I2C et SPI sont des bus “internes” présents sur les contrôleurs pour effectuer les transferts des données entre le processeur et les composants périphériques. Les deux nouvelles options viennent s’ajouter à l’option CANbus, qui était déjà proposée (rappelons que CAN est un bus de terrain “externe” pour réaliser des communications entre plusieurs contrôleurs).
Les deux options permettent d’isoler une adresse particulière ou un paquet de données sur les bus I2C et SPI et de les corréler avec d’autres événements, attendus ou non. Les données acquises sont ensuite décodées (les formats hexadécimal, binaire et ASCII sont supportés). « Pour ne pas encombrer l’affichage, il est possible de retirer le signal d’horloge de l’affichage. Cela n’affecte pas la fonction de décodage. Autre point important, le signal d’horloge peut être appliqué sur l’entrée EXT, ce qui libère une des voies d’entrée pour des signaux présentant un plus grand intérêt pour l’analyse. C’est, là aussi, un avantage que nous apportons par rapport à ce qui existe aujourd’hui sur le marché », conclut M. Laury. A noter que les données décodées peuvent être présentées sous forme de tableaux, exportables vers Excel.
Chacune des options Trigger et Decode est installable sur tous les oscilloscopes WaveSurfer Xs ou WaveRunner Xi au prix de 745 €. Les options de décodage uniquement sont également installables sur les oscilloscopes de la série WaveRunner 6000 au prix de 495 €.