Mesures.Avant d'entrer dans le vif du sujet, je propose tout d'abord que vous nous présentiez à tour de rôle et en quelques mots votre société et son rôle dans le domaine de la maintenance industrielle?
Philippe Bolliet. Mitsubishi Electric est un groupe mondial de plus de 140 000 collaborateurs qui pèse environ 40 milliards de dollars de chiffre d'affaires. Nous sommes présents dans de nombreux pays, y compris en France, bien sûr, et avec de fortes ambitions en Europe. En termes d'évolution de la maintenance sur notre marché, nous constatons que les industriels vivent de nombreux challenges, des challenges de coût, des challenges d'arrêt de production, des challenges liés également aux collaborateurs travaillant dans une industrie où l'on voit clairement des évolutions de compétences qui vont changer dans les années à venir. Ces changements vont amener à des solutions que nous, chez Mitsubishi, nous voulons anticiper et mettre en œuvre pour pouvoir apporter plus de valeur dans les produits ou les équipements que l'on conçoit, en y intégrant de nouveaux outils, de nouvelles fonctionnalités. En cela, on s'inscrit complètement dans cette stratégie de maintenance 4.0 pour mettre en place, dès aujourd'hui, des produits qui répondent aux attentes de nos clients industriels, mais aussi qui permettent d'anticiper l'avenir avec des technologies émergentes comme, par exemple, l'intelligence artificielle.
Jérôme Desmoulières. Emerson Automation Solutions est une société américaine à vocation internationale. Nous travaillons beaucoup dans l'industrie de process –pétrole et gaz, raffinerie, chimie, pharmacie– ainsi que dans l'agroalimentaire ou l'industrie minière. Emerson conçoit, commercialise et met en œuvre des produits pour l'industrie de process,qui vont des capteurs de tout type jusqu'aux éléments finaux de contrôle comme les vannes ou les organes de sécurité tels que les soupapes, en passant par les systèmes de contrôlecommande. Nous avons été récompensés l'an dernier au Palmarès technologique de
Peter Livaudais. Senseye est une société qui commercialise des services pour le suivi des conditions et la maintenance prévisionnelle de moyens industriels. Nous travaillons sur tous les continents et pour tout type d'industrie avec différents moyens, dont nous parlerons un peu plus loin.
Youssef Miloudi. Carl Software est une société du groupe Berger-Levrault. Nous sommes un éditeur historique de gestion de maintenance assistée par ordinateur et, aujourd'hui, on parle davantage de gestion d'actifs. Nous aidons les équipes de maintenance des industriels, mais aussi des collectivités territoriales, des acteurs de la santé et du transport, à organiser et structurer leur processus de maintenance. Au niveau de la maintenance 4.0 ou de la maintenance du futur, nous avons des interrogations, en particulier comment aider nos clients à adapter leur processus pour remplir les objectifs qui sont ceux de l'industrie du futur. À savoir, une meilleure flexibilité, tout en gardant beaucoup de compétitivité en diminuant les coûts, une capacité à maîtriser l'impact environnemental, mais aussi sociétal de l'industrie. Concrètement, dans nos solutions, cela signifie basculer d'un mode descriptif vers un mode beaucoup plus prescriptif qui permet de donner des recommandations pour remplir les objectifs des industriels, à partir des observations et de toute la connaissance que l'on a de nos systèmes.
De gauche à droite, Philippe Bolliet (Mitsubishi Electric), Jérôme Desmoulières (Emerson Automation Solutions), Peter Livaudais (Senseye) et Youssef Miloudi (Carl Software).
Mesures. Quels sont les différents types de maintenance et quelle est votre propre définition de la maintenance 4.0?
Youssef Miloudi. Parmi les grands types de maintenance,il y a tout d'abord la maintenance corrective qui se décompose en deux parties: la maintenance curative, c'est-à-dire celle qui consiste à remplacer un organe défaillant, et la maintenance palliative, que nous appliquons régulièrement dans nos voitures ou dans notre maison, et qui est basée sur le fait que l'on ne change pas le dispositif défectueux, mais qu'on le répare. Nous avons également la maintenance préventive qui se décompose, elle-même, en trois parties: la maintenance systématique qui consiste à changer les pièces d'usure à échéance régulière selon un calendrier fixé souvent donné par le constructeur, mais qui peut être ensuite améliorée par des outils de gestion, mais aussi par l'expérience que le personnel acquiert au fil du temps; il y a la maintenance conditionnelle qui, elle,s'appuie sur des mesures prises sur le terrain et permet d'agir en fonction du dépassement de certains seuils; et puis, il y a la mainte-nance prévisionnelle qui s'appuie à la fois sur la systématique et les mesures en essayant de donner une prévision avec une loi d'usure, si je simplifie. Alors, que serait la maintenance 4.0? Par analogie àl'industrie 4.0, je dirais qu'il s'agit d'une maintenance capable de s'adapter, d'être globale –en continuant à faire de la production de masse– tout en étant locale. J'entends par là qui soit réalisée de manière très distribuée : il n'est pas obligatoire d'avoir de très grandes usines en quelques endroits du monde, mais plutôt d'avoir des petites unités de produc-tion réparties un peu partout sur la planète.Car,en faisant des unités locales, cela permet de remplir les enjeux d'impact environnemental et d'adaptation de l'industrie au plus près des besoins du client. Si je prends des exemples emblématiques de grands industriels comme Peugeot ou Adidas, l'idée est d'aller sur un site internet, de choisir la couleur de votre voiture ou de votre chaussure, ce que vous voulez écrire dessus, le tout étant fabriqué en très peu de temps et livré très rapidement, ce qui est impossible quand vous êtes un pur industriel de masse, car il est difficile de gérer des milliers de configurations sur une ligne de production. Pour la maintenance, cela signifie qu'elle doit suivre cette flexibilité. Elle doit donc s'adapter à la production elle-même. Et là, continuer à faire de la maintenance systématique ou conditionnelle, cela devient extrêmement compliqué. Pour moi, la maintenance 4.0 permet aux équipes de maintenance de s'adapter à la production et, du coup, cela implique un changement organisationnel potentiel-lement important. Mais à partir de ce moment-là, elle ne sera plus un centre de coût.
Peter Livaudais. Il existe plusieurs définitions de l'industrie 4.0, et donc de la maintenance 4.0. Mais le point commun à tout cela, c'est la cyberphysique qui introduit la notion d'autorégulation du système que l'on est en train de gérer. De la même manière que l'on veut faire des séries de 1 avec l'industrie 4.0, avec la maintenance 4.0, il faut s'adapter aux spécificités et aux usages de chaque machine. Donc, une définition assez simple est que l'usage des programmes varie en fonction des données machine reçues.
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Jérôme Démoulières. Au niveau de l'industrie de process, on connaît les maintenances curative, préventive et conditionnelle. En soit, l'industrie 4.0 ne va rien révolutionner car il s'agit simplement d'appliquer ces méthodes de maintenance de manière plus efficace et pertinente grâce à des technologies qui n'étaient pas encore présentes ne serait-ce qu'il y a 10 ans. C'est beaucoup plus facile aujourd'hui, de par l'explosion du nombre de capteurs, des connexions sans fil et de la gestion de la donnée, de pouvoir exploiter ces données brutes et de les convertir en informations pertinentes adressées à la bonne personne. Pour moi, la maintenance 4.0, c'est ce qui va permettre à nos clients d'atteindre un niveau de compétitivité élevé. Je ne parle pas ici de productivité car le niveau de productivité maximum a déjà été atteint avec la troisième révolution industrielle et les systèmes d'automatisation. C'est là en fait que réside la révolution de l'industrie 4.0 et donc de la maintenance 4.0, dans l'objectif d'atteindre une compétitivité maximale. Pour ce faire, il convient de trouver le meilleur mix entre la maintenance curative, la maintenance préventive et la maintenance conditionnelle. Dans l'industrie de process, aujourd'hui plus de 60 % de la maintenance est curative –ce que j'appelle la maintenance «pompier»– où l'on agit quand ça casse ou juste avant que ça casse. Et, en général, la maintenance est souvent considérée comme le dernier maillon de la chaîne et ça pose des problèmes pour la production. Mais il est intéressant aussi de noter que la maintenance doit s'adapter à la production et l'on a aussi des cas applicatifs où
c'est la maintenance qui favorise la production. Pour les industries de première catégorie, on a plutôt un mix de 40% de curatif, 20% de préventif et le reste de conditionnel. Dans ce dernier cas, on prévoit la panne longtemps à l'avance pour la planifier dans un arrêt de production: au lieu d'arrêter l'usine, de réparer les 15 moteurs et les 30 vannes que l'on répare habituellement et de les redémarrer, on sait à l'avance quel élément est malade. Donc, on planifie l'intervention et on répare l'élément défaillant. L'objectif est de réaliser des diagnostics et de prendre la bonne décision. C'est ça la maintenance 4.0, c'est, grâce à la technologie, trouver le meilleur mix de maintenance pour améliorer la compétitivité de nos clients.
Philippe Bolliet. Je souscris à ce qui vient d'être dit dans le sens où les technologies de l'usine du futur permettent aux industriels de redéfinir eux-mêmes les processus de maintenance dans lesquels ils travaillent, sans pour autant révolutionner certaines maintenances qui se font bien et continueront à bien se faire. Et cet apport de technologies reconcurrence le modèle et le processus de maintenance pour les industriels. Par ailleurs, les fournisseurs doivent mettre sur le marché des solutions qui répondent véritablement aux besoins des industriels en termes de compétitivité. Pour nous, la maintenance 4.0 consiste à toujours partir de la criticité des équipements sur les lignes de production. Et les apports technologiques vont aider les industriels à mieux s'organiser en termes de maintenance, à mieux réaliser la maintenance dite conventionnelle, si cela s'avère nécessaire pour l'industriel. Si ce n'est pas le cas, cela peut représenter un surcoût et il ne faut surtout pas y aller. Les nouvelles technologies permettront également de faire de la maintenance de manière de plus en plus native, pas forcément pour créer de la donnée supplémentaire, car on en a déjà énormément, mais pour que cette donnée soit pertinente et puisse permettre à l'industriel d'atteindre l'objectif et le résultat attendu.
Mesures.Quels sont les objectifs de la maintenance 4.0?
Jérôme Desmoulières. Ce qui «drive» la compétitivité chez nos clients, c'est la productivité, mais on peut aussi yasso-cier les économies d'énergie, la chaîne d'approvisionnement, etc. Et jusqu'à présent, la maintenance était plutôt vue comme : «
Philippe Bolliet, Mitsubishi Electric Europe
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Peter Livaudais. Il y a également un enjeu humain absolument extraordinaire. On vit une époque dans laquelle la génération des collaborateurs qui a assisté à la numérisation des processus de production part à la retraite. Donc toute cette connaissance disparaît. Mais il existe une autre génération de personnes qui ont un rapport au numérique totalement différent et qui ne supportent pas les mêmes choses que les personnes qui les ont mises en œuvre. Et à côté de ça, il y a une problématique du nombre de collaborateurs dans les services de maintenance. Le président de la FIM estime ainsi qu'il y a de l'ordre de 50000 postes de maintenance non pourvus en France. Et c'est pour cela que l'on trouve des opérateurs qui font de la maintenance. Il y a donc un véritable enjeu humain de formation dans le domaine de la maintenance industrielle. Et plus généralement, il ya un problème de formation à la transformation numérique.
Philippe Bolliet. Je partage cette analyse sur les enjeux humains. Il y a aussi un enjeu sur la connaissance et la transmission de la connaissance. Dans certaines industries, il est nécessaire d'avoir une connaissance propre aux produits, comme dans l'industrie fromagère. Pour être fromager, il faut 10 ans d'expérience. Or, aujourd'hui, un salarié ne reste plus 20 ou 30 ans dans la même entreprise. Du coup, cette connaissance disparaît avec le salarié et souvent, même s'il arrive à recruter, l'industriel aura souvent du mal à trouver les compétences requises. Le rôle des fournisseurs d'équipements à destination de ces industriels est aussi de les aider à surmonter ces difficultés, notamment en termes de maintenance.Par exemple, dans la robotique, nous avons, nous fournisseurs, un rôle important à jouer pour mettre à disposition des données qui permettent d'aller bien plus loin sur l'état conditionnel d'une machine ou d'un équipement. En cela, ça révolutionne beaucoup les choses.
Youssef Miloudi. Il y a effectivement cette notion de transformation numérique au sens large qui, d'une certaine manière, va permettre de «désiloter» l'industrie. Mais pour cela, il faut connecter le moyen de production avec le produit, avec le client et avec tous les opérateurs qui participent à la réalisation du produit, y compris la maintenance. Cela permet de fabriquer une connaissance partagée qui devient importante. J'ai en tête l'exemple d'un bâtiment intelligent qui, malgré une plus grande promesse énergétique, ne remplissait pas ses objectifs environnementaux du fait d'une gestion trop complexe. Le problème venait notamment d'un manque de communication et d'échange entre le bâtiment et les individus qui le gèrent dans les différents services, particulièrement le personnel de maintenance. Mais une fois la cause identifiée et la connaissance partagée, le problème a été résolu.
Mesures. Quels sont les freins à l'adoption de ces nouvelles façons de faire de la maintenance?
Jérôme Desmoulières. Aujourd'hui, le frein n'est plus technologique car, de ce point de vue, on a actuellement énormément de possibilités. Les freins peuvent parfois venir des hommes car, et c'est normal, il faut mettre en place un processus d'adaptation pour développer une nouvelle solution. Par ailleurs, un certain mécanisme de résistance au changement peut parfois ralentir quelque peu les choses. Mais le principal frein que l'on constate aujourd'hui est surtout lié au niveau organisationnel. M. Miloudi parlait précédemment de l'importance de «désiloter» l'industrie. C'est tout à fait ce qu'il faut et c'est l'un des principaux avantages de l'industrie 4.0, que de permettre d'établir des ponts entre les différents silos, entre les différents services. C'est par exemple l'opérateur en salle de contrôle qui aura la même information, mais sous une forme différente et au même moment, que le responsable de maintenance de l'instrumentation, que le responsable de maintenance mécanique, que le responsable de la sécurité. Aujourd'hui, sur un équipement, on peut, grâce à la technologie, récupérer l'information et intégrer le prétraitement, avec des modules d'intelligence artificielle ou des algorithmes embarqués qui pourront identifier les conséquences et aider ces personnes à prendre la bonne décision. Et pourquoi pas embarquer des systèmes de chat ou d'échange de type WhatsApp intégré industriel, de façon à ce qu'elles puissent échanger entre elles sur la meilleure action à mener ou la meilleure décision à prendre. Aujourd'hui, l'organisation constitue le principal frein car les équipes ont encore des missions dans leur domaine spécifique, sans en sortir. C'est pourquoi il faut qu'il y ait aussi un message fort de la direction avec une volonté forte de mettre en place une transformation numérique et organisationnelle, intègrant la maintenance. Parallèlement à cela, il faut également qu'il y ait une approche pour faire remonter les avis du terrain vers la direction, les avis des gens qui font des tests, qui adoptent ces nouvelles technologies et qui doivent être force de proposition. Quand on a une réelle politique d'entreprise pour la transformation numérique, quand on met en place des équipes dédiées et qu'on y alloue des budgets significatifs, et quand on a des personnes dans des départements différents qui travaillent ensemble, alors on commence à avoir des gains de compétitivité significatifs.Transformer les organisations sera l'élément clé pour faire en sorte que le 4.0, au sens large, fonctionne correctement. Mais c'est sans doute ça le plus difficile à faire.
Cette table ronde intitulée « Maintenance 4.0 : ce que cela va changer » a pris place dans le cadre de la 24 e édition des Palmarès technologiques de la revue Mesures qui s'est déroulée le 19 septembre dernier à Paris.
Jérôme Desmoulières, Emerson Automation Solutions
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Peter Livaudais. Il y a deux freins principaux à la mise en place de la maintenance conditionnelle ou prévisionnelle: la culture et la croyance. En ce qui concerne cette dernière, les fournisseurs de plateformes technologiques qui tra-vaillent dans le big data ont répandu un mythe qui consiste à dire qu'avec suffisamment de données, on aura les réponses à des questions que l'on ne s'est même pas posées. Je caricature un peu, mais il y a quand même un peu de ça. Parce que, parfois, on vient nous voir et on nous dit: «
Philippe Bolliet. C'est effectivement un vrai sujet et on le voit avec les industriels qui démarrent des pilotes dans l'industrie 4.0. Cet aspect d'engagement industriel est effectivement clé. Mais pour reprendre le véritable défi des industriels, on entend souvent parler du temps qui leur manque pour faire les choses, la facilité ou pas de pouvoir travailler sur des lignes existantes. C'est un point qui revient systématiquement. Et puis, il y a la connaissance. On parle beaucoup d'industries 4.0 mais qu'est-ce que c'est, exactement? Quelles sont les solutions technologiques existantes aujourd'hui qui permettent de répondre aux besoins actuels et futurs des industriels?
Youssel Miloudi. Pour que la maintenance 4.0 fonctionne, il y a une position culturelle qui est de dire: «
Mesures.N'y a-t-il pas,tout de même, une problématique de coût pour faire évoluer sa maintenance industrielle? Quid du retour sur investissement?
Jérôme Desmoulières. Dès que l'on évoque les aspects de maintenance avec les dirigeants d'industrie, on parle tout de suite de retour sur investissement ou ROI. Le ROI est également porté par la croyance et l'engagement des gens et des organisations. On a connu un exemple avec deux usines du même groupe, l'une ayant adopté les concepts de l'Industrie 4.0 et de la maintenance prévisionnelle, et l'autre pas du tout. Simplement, ces deux sites n'ont pas le même directeur et ils n'ont pas eu les mêmes problèmes au même moment. Si l'on veut implémenter l'industrie 4.0 et la maintenance 4.0, il faut passer à l'action. Il ne suffit pas d'être dans un bureau et d'allouer des budgets, il faut quelque chose de concret et aussi agir au bon moment. J'ai là encore un exemple concret, celui d'une usine qui avait un directeur très orienté numérique. Il avait un problème sur une unité de production que l'on a pu identifier et, avec des solutions de maintenance conditionnelle, on a réussi à augmenter la disponibilité et la productivité de l'unité en question. Dans un cas pareil, ce n'est même pas la peine de se poser la question du ROI: il est validé de fait. On pourrait plutôt parler du coût de l'évitement d'un problème potentiel. Par exemple, avec de la maintenance conditionnelle, on peut empêcher un agitateur de tomber en panne au milieu d'un batch. Ce faisant, on sauve un batch et, ainsi, des millions d'euros, à comparer aux quelques centaines de milliers d'euros d'investissement qu'il aurait fallu consentir au préalable. J'ai eu également le cas d'une société canadienne qui instrumentait différents équipements et qui avait mis en place un algorithme pour savoir si un échangeur de chaleur se bouchait ou non. Ils ont ainsi pu économiser des tonnes de produits chimiques en évi-tant les ramonages chimiques préventifs. Donc, à la lumière de ces exemples, on peut dire que le ROI en soi est un faux problème car, dès qu'on a mis en œuvre la solution, l'industriel a gagné de l'argent. Ce qui est important, c'est vraiment la volonté de faire les choses, de les mettre en place par petits pas, étape par étape, en faisant des petits pilotes. C'est aussi de communiquer sur le succès obtenu, sur les gains qui ne sont pas forcément financiers, et ensuite d'étendre la solution à plus grande échelle.
Youssef Miloudi. C'est toujours difficile de quantifier un retour sur investis-sement en matière de maintenance 4.0. Mais ce qui est intéressant effectivement, c'est d'apprécier les conséquences au sens large d'un arrêt de production. On peut ici citer l'exemple de l'affaire Lactalis dont le problème a occasionné des conséquences très graves pour l'image de l'entreprise.
Youssef Miloudi, Carl Software
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