Hélène Tap, responsable du projet IngéPlus (Toulouse INP)
“ Il y a une demande de profils d'ingénieurs moins «formatés». ”
L e Groupe INP, qui regroupe les Instituts nationaux polytechniques (INP) de Bordeaux, de Grenoble, de Lorraine et deToulouse INP, lancera, à la rentrée scolaire 2019, le projet IngéPlus. L'origine de ce projet est partie du constat suivant : « Les jeunes issus de milieux modestes s'orientent plutôt vers des BTS,car ils pensent ne pas pouvoir réussir des études longues et en particulier en école d'ingénieurs », affirme Marc Phalippou, président du Groupe INP et directeur général de Bordeaux INP, dans le communiqué de presse. « Les écoles d'ingénieurs souffrent donc d'un manque de diversité sociale. Cela relève de notre mission publique d'enseigner à tout le monde et, du côté des industriels, il y a par ailleurs une demande de profils d'ingénieurs moins “formatés”, comme c'est le cas dans d'autres pays, ce qui ne peut que contribuer à la créativité des entreprises », explique Hélène Tap, responsable du projet IngéPlus, professeur et vice-présidente de la commission Formation et vie universitaire de l'Institut national polytechnique (INP) de Toulouse.
Pour la petite histoire, la création d'IngéPlus s'est faite en deux temps. « L'INP de Grenoble avait candidaté, dans le cadre du second appel à projets “Nouveaux cursus à l'université” (NCU) du PIA 3 [Programme d'investissements d'avenir, NDLR], mais il n'avait pas été retenu par “manque d'ambition”. Dans un deuxième temps, notre projet commun à l'INP de Grenoble et l'INP de Toulouse, à savoir IngéPlus, a été accepté », rappelle Hélène Tap. Le projet faisait partie des 19 projets retenus par le Premier ministre et a bénéficié d'un fi-nancement de 3,5 millions d'euros.
Piloté par le Groupe INP, en partenariat avec le Réseau Polytech, l'Université Grenoble Alpes, l'Université fédérale de Toulouse Midi-Pyrénées, l'Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM),l'Association nationale des apprentis de France (Anaf) et Article 1, issue de la fusion des associations de lutte contre l'inégalité des chances Frateli et Passeport Avenir, IngéPlus comprendra un parcours post-bac (BTS-Plus), un parcours licence (LicencePlus) et un parcours écoles d'ingénieurs (ÉcolePlus).
Une licence professionnalisante
Le premier parcours (BTS-Plus) fera bénéficier aux étudiants de sessions de coa-ching ,deconseils méthodologiques, d'aide au choix d'orientation et à des compléments scientifiques, en plus de leur cursus de BTS. « Nous aurons le premier semestre de la 1 re année pour sélectionner les étudiants les plus motivés, leur accompagnement se déroulant durant le reste de la 1 re année et toute la 2 e année », précise HélèneTap.
Le parcours LicencePlus aura en charge de renforcer ensuite les connaissances dans les disciplines techniques majeures (électronique, informatique, mécanique, etc.), en langues et en techniques de gestion de l'entreprise. Les étudiants feront également un stage d'une durée de 6 mois et pourront travailler dès l'obtention de la LicencePlus. Hélène Tap insiste sur le fait que « contrairement aux formations existantes,telles que les prépas ATS [Adaptation technicien supérieur,NDLR], IngéPlus permettra de mettre à niveau les étudiants,mais aussi et surtout de leur délivrer une licence professionnalisante ».
Ceux qui voudront continuer en école d'ingénieurs intégreront enfin le parcours ÉcolePlus. Le suivi de leur cursus permettra de les orienter vers l'école la plus adaptée à leurs compétences et à leur projet. Et pour éviter tout échec ou décrochage scolaire, les étudiants bénéficieront d'un coaching personnalisé. « Les jeunes issus de BTS représentent aujourd'hui 8 % des étudiants en école d'ingénieurs. Avec IngéPlus, nous voulons doubler cette proportion », avance Marc Phalippou (Bordeaux INP).Pour réussir l'ensemble du projet, Groupe INP doit encore promouvoir IngéPlus auprès des lycées de BTS et trouver des fonds supplémentaires.
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