Visiter une centrale nucléaire comme on visite la Tour Eiffel, découvrir un chantier naval comme chantier naval comme on découvre les ruelles du Mont-Saint-Michel, s'extasier devant une ligne de production agroalimentaire comme on s'extasie devant un joli paysage… Le tourisme industriel séduit de plus en plus de Français. Selon une étude de l'Association de la visite d'entreprise (AVE), pas moins de 13 millions de nos
compatriotes ont cédé à l'envie de découvrir ce qui ce passe au cœur de nos entreprises industrielles. Et ce chiffre ne tient même pas compte des visites ayant lieu lors des journées portes ouvertes Le succès est tel que Le Routard vient de publier un « Guide de la visite d'entreprise » qui répertorie pas moins de 450 sites industriels dignes d'intérêt sur notre territoire. Faut-il voir dans cet engouement l'attachement des Français pour le « made in France », l'envie irrépressible de découvrir
l'envers du décor d'entreprises emblématiques, le moyen de se rassurer face à des industries qui, comme le nucléaire ou l'agroalimentaire, suscitent une certaine crainte, le besoin de vérifier par soi-même que, contrairement à ce que colportent certains, la France reste encore une nation industrielle, ou tout simplement la curiosité de savoir comment fonctionne la PME du coin. Sans doute un peu de tout cela. Quoi qu'il en soit, il s'agit d'un constat rassurant. Car on pense souvent qu'aucun peuple n'aime plus son industrie que les Allemands. C'est vrai qu'il n'est pas rare de voir parents et enfants, parfois très jeunes, arpenter les travées de la Foire de Hanovre, grand' messe de l'industrie outre-Rhin. Mais les Français – on le voit ici – n'ont rien à leur envier lorsqu'il s'agit de démontrer leur attachement à nos entreprises industrielles. Dommage que trois décennies durant, nos politiques ne les aient pas gratifiées de la même considération.
PASCAL COUTANCE Directeur de la rédaction p.coutance@mesures.com