L es logiciels de gestion de maintenance assistée par ordinateur (GMAO) constituent une famille qui a aujourd'hui trouvé sa place dans l'industrie, comme dans d'autres secteurs d'activité. Ils proposent des fonctions éprouvées depuis de nombreuses années. Mais, comme tout logiciel, ils évoluent au contact de l'environnement numérique en mutation. De nouvelles fonctions apparaissent, notamment pour tirer profit des réseaux et objets connectés actuels, mais aussi des nouvelles façons d'exploiter les logiciels, avec le mode «cloud» qui se répand.
« Le marché français est plutôt un marché de renouvellement et d'amélioration, motivé par des évolutions technologiques, estime Frédéric Russo, directeur commercial de la solution EAM chez Infor. Dans la plupart des entreprises, un système de suivi de maintenance est utilisé, du simple tableur aux systèmes de niche, en passant par les modules de logiciels ERP.» En effet, au-delà des logiciels dédiés spécifiquement à la gestion de maintenance, certaines familles de logiciels comme les Enterprise Resource Planning (ERP) ou les Manufacturing Execution Systems (MES) proposent également des modules de maintenance.
« Beaucoup de sociétés gèrent la maintenance avec un tableur. C'est un service que l'on ne mobilise qu'en cas de panne, la maintenance préventive n'est pas toujours dans les mœurs, observe Bernard Decoster, président de l'éditeur Altaïr Enterprise. Quand l'usine tourne,il n'y a pas besoin de maintenance,elle est souvent jugée trop chère. Mais ce budget n'est pas toujours suivi dans le détail : il peut s'agir d'un budget global, englobant la main-d'œuvreetlasous-traitance.Iln'est donc pas facile d'estimer le retour sur investissement d'un logiciel de GMAO. Or, avec une application informatique,les clients veulent généralement des prévisions précises. La mise en place d'une GMAO nécessite donc une prise de conscience de l'équipe dirigeante,pour soutenir le projet ».
Les logiciels de gestion de maintenance assistée par ordinateur (GMAO) évoluent vers des applications entièrement accessibles via un navigateur web.
Altaïr Enterprise Une fois la décision prise,les entreprises font face à une offre de logiciels très vaste. Les acteurs sont divers, on y trouve des éditeurs de toutes tailles. Certains proposent des applications haut de gamme,s'adressant par exemple aux multinationales souhaitant déployer leur GMAO sur plusieurs sites, de façon internationale. Ces solutions sont largement paramétrables et s'adressent plutôt aux entreprises ayant les compétences informatiques nécessaires pour gérer les développements liés à une telle solution. D'autres se veulent plus simples d'accès, ne nécessitant pas de développements spécifiques et se distinguant par un paramétrage minimal. Certaines se revendiquent Plug & Play: le fonctionnement est immédiat dès l'installation. Enfin, certaines applications plus modestes présentent une palette de fonctions plus limitée, ou répondent à des besoins très particuliers. On trouve ainsi des logiciels de GMAO gratuits. La GMAO recouvre une base de fonctions classiques, auxquelles s'ajoutent des fonctions plus spécifiques proposées par les différents éditeurs. « La maintenance concerne toute l'usine, des problèmes électriques dans les bureaux à la machine en panne bloquant la production, détaille Bernard Decoster (Altaïr Enterprise). C'est un domaine assez vaste, qui implique tous les acteurs de l'entreprise.» Les différentes fonctions sont souvent disponibles en tant que modules, que l'utilisateur peut sélectionner en fonction de ses besoins.
La richesse des fonctions est appréciée des utilisateurs, mais attention : vouloir déployer trop de fonctions en même temps et avec trop peu de moyens peut nuire à la réussite du projet.
Le même socle de fonctions d'un secteur à l'autre
L'objectif de base est de maîtriser les coûts de maintenance et d'assurer la pérennité des équipements. Cela passe d'abord par l'inventaire et la description des installations concernées. « Cela inclut les bâtiments, les véhicules, les PC, tout ce qui rend un service à des utilisateurs », résume Laurent Truscello, responsable produit chez Carl Software, qui édite plusieurs solutions. Pour des équipements complexes, « la description peut être décomposée de façon très précise, par exemple pour un tramway ou une chaudière », poursuit-il. À partir de cet inventaire, les logiciels de GMAO proposent des fonctions comme la gestion des stocks de pièces de rechange, la fourniture de documentation technique, la planification et le suivi des interventions, ou encore l'analyse des dépenses. « La GMAO permet souvent de formaliser des procédures entre service de maintenance et demandeurs, explique Bernard Decoster (Altaïr Enterprise). Il est possible de savoir qui a demandé quelle réparation, et quand. La maintenance suit précisément le cheminement des travaux, cela éclaircit le fonctionnement ».
Le secteur d'activité peut imposer certaines spécificités: « Il est nécessaire de s'adapter au vocabulaire du client.En revanche, le fonctionnel reste le même d'un secteur à l'autre » , indique Laurent Crétot, ingénieur d'affaires chez Siveco Group, qui édite le logiciel Coswin 8i. Ainsi, selon le paramétrage, un logiciel peut proposer des formulaires pré-étalonnés pour une activité donnée. « 90 % du socle de fonctions reste le même, estime Laurent Truscello (Carl Software). L'industrie utilise généralement ce socle de base. Mais certains métiers ont besoin de fonctions spécifiques, comme la gestion de la pharmacovigilance.» Certains logiciels proposent également des fonctions connexes : « Nous avons intégré la métrologie dans notre logiciel de GMAO Coswin 8i, car nous avons constaté que les mesures sur les équipements étaient souvent gérées à part, via un simple tableur », explique Laurent Crétot (Siveco Group).
L'ergonomie est une préoccupation importante des éditeurs: les interfaces doivent être agréables et simples à prendre en main. Une mauvaise ergonomie peut être un frein important à l'adoption d'une solution. « Chaque utilisateur doit se sentir à l'aise dans son environnement, revendique Frédéric Russo (Infor). Nous avons des personnes venant du milieu du design, qui se focalisent sur l'expérience utilisateur. Notre application s'utilise de la même façon que des applications grand public.Les jeunes générations ont l'habitude de suivre des flux d'événements, utilisent les réseaux sociaux pour le suivi d'informations en temps réel.» Ainsi, le suivi dans le cadre de la GMAO se fait de façon similaire, via des notifications en temps réel.
Le cloud, une solution d'avenir ?
Comme de nombreux logiciels, les systèmes de gestion de maintenance assistée par ordinateur (GMAO) sont couramment proposés en mode « software as a service » (SaaS): le logiciel est hébergé dans un serveur délocalisé, et l'utilisateur paye un abonnement pour l'utiliser. Cela offre une plus grande agilité dans le déploiement de nouveaux projets. De plus, les mises à jour sont automatiques et instantanément accessibles par tous les utilisateurs. En termes de coût, ce mode d'exploitation doit être comparé à l'achat d'un serveur, avec la maintenance et le support informatique qui s'ensuivent. Les grands hébergeurs cloud affectent d'importants moyens à la sécurité, et les éditeurs de GMAO constatent que les craintes des utilisateurs à ce sujet ont tendance à disparaître. Ils estiment que ce mode de commercialisation devrait devenir le plus courant à l'avenir, bien que certaines entreprises ayant des données sensibles continueront à garder la main sur leur système. |
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