Une approche partagée notamment par le logiciel Dimo Maint: « L'interface met en jeu des réflexes proches de ceux que l'on a sur Internet, cela doit être intuitif », estime Jean-Luc Sanjose, responsable commercial de cette solution chez Dimo Software. Et cette simplicité doit être étendue au paramétrage et à la personnalisation: « Nos fonctions d'administration sont accessibles à des non-informaticiens », ajoute-t-il. Ces approches sont facilitées par le passage des logiciels en «full web»,c'est-à-dire avec un accès via un simple navigateur web.
La mobilité est de plus en plus plébiscitée par les utilisateurs. Certains éditeurs proposent des applications spécifiques pour smartphones ou tablettes numériques.
Carl Software Les évolutions du monde numérique et le matériel de plus en plus connecté permettent aux logiciels de GMAO d'intégrer de nouvelles fonctions, en interaction avec les objets connectés. « Il est plus facile aujourd'hui de faire remonter des alarmes, car beaucoup de fabricants concentrent des capteurs sur des machines», constate Laurent Truscello (Carl Software). « Les objets peuvent communiquer directement avec la GMAO. Cela ouvre le logiciel à de nouvelles technologies, comme les drones utilisés pour la surveillance aérienne », confirme Bernard Decoster (Altaïr Enterprise). La collecte de données de plus en plus nombreuses est une opportunité pour la GMAO. Sacha Lukic est directeur de la solution Mainta, logiciel de GMAO du groupe Apave, dont il est le DSI. Pour lui, « le Big Data promet des innovations intéressantes, afin d'aider les décideurs à faire des choix. Par exemple, vaut-il mieux maintenir un équipement,ou le renouveler ? Faut-il externaliser certaines tâches, ou les effectuer en interne ? Nous travaillons aujourd'hui sur la mise au point de ce type de fonctions ».
GMAO et ERP
Certains grands logiciels de gestion de ressource ( Enterprise Resource Planning ou ERP) proposent des fonctions de gestion de la maintenance. Mais pour obtenir des fonctions orientées métier grâce un ERP, il faut généralement faire appel à des développements spécifiques. Toutefois, l'utilisation d'un logiciel dédié entièrement à la gestion de maintenance assistée par ordinateur (GMAO) n'empêche pas d'établir des liens avec un système ERP. En effet, la plupart des éditeurs développent des connexions avec les grands logiciels ERP, mais également parfois avec des logiciels de gestion des ressources humaines ou de supervision. |
Ces opportunités sont d'ores et déjà exploitées pour la gestion de l'énergie: « Nous sommes capables de nous interfacer avec les systèmes qui récupèrent les données liées à la consommation.Cela permet de déterminer l'influence d'une défaillance en termes de coût,et de voir l'effet de la maintenance sur la consommation d'énergie », explique LaurentTruscello (Carl Software).Altaïr Enterprise intègre ces questions à un module « qualité, hygiène, sécurité, et environnement » , qui gère également des problématiques légales liées, par exemple, à la pénibilité du travail ou à la gestion des déchets. « Cela sert par exemple à mettre en rapport les compétences du personnel avec les tâches comportant des risques particuliers », indique Bernard Decoster. La prise en charge de la mobilité n'est pas tout à fait une nouveauté en GMAO, mais elle se développe énormément. « Il existait déjà des terminaux mobiles il y a 20 ans,utilisés notamment pour scanner des codes-barres et voir le nombre d'articles en stock », rappelle Laurent Crétot (Siveco Group). Mais aujourd'hui, les smartphones et tablettes numériques permettent d'accéder à une palette de fonctions bien plus vaste. « Le s applications mobiles s'enrichissent de plus en plus, et approchent la richesse d'une véritable solution de GMAO », commente Sacha Lukic (Apave).
Les éditeurs consacrent un soin particulier aux interfaces, qui se doivent d'être intuitives, proches des applications web grand public.
Dimo Software Aujourd'hui, les différents éditeurs proposent de consulter de la documentation, de localiser les techniciens les plus proches d'un lieu d'intervention, de prendre des données vidéo, ou encore de s'orienter sur un site. « Le système de navigation virtuelle permet de visualiser des installations et de localiser rapidement un problème », indique Laurent Truscello (Carl Software). « Le s bâtiments sont modélisés en 3D, on peut s'y promener comme dans un jeu vidéo. Les machines y sont représentées en différentes couleurs selon leur état de fonctionnement », décrit Bernard Decoster (Altaïr Enterprise). Là encore, c'est une habi-tude déjà intégrée par les utilisateurs: « Désormais, nos clients vérifient toujours que nous disposons d'une solution mobile », constate Laurent Crétot (Siveco Group). Un logiciel «full web» centralisé est normalement accessible par n'importe quel terminal mobile doté d'un navigateur adapté. Mais « dans une cage d'ascen-seur,ensous-sol ou sur des sites sensibles,il est courant de ne pas avoir accès à une connexion lors d'une intervention », note Laurent Crétot. Pour ce type de cas, il faut alors une application capable de prendre en charge le fonctionnement hors-ligne. « La version mobile de Mainta s'utilise de façon autonome. Les données se synchronisent avec le système centralisé lorsque la connexion est disponible », explique Sacha Lukic (Apave). Sur le même modèle, Siveco Group propose l'application Coswin Nom@d.
Tabler sur un développement progressif
L'architecture client-serveur est-elle obsolète ?
Avec l'avènement du modèle «full web », l'architecture client-serveur présente-t-elle encore un intérêt ? Certains éditeurs n'ont pas totalement achevé leur transition vers ce modèle, mais il est devenu le standard pour les solutions de gestion de maintenance assistée par ordinateur (GMAO) les plus récentes. Tandis que le «full web » permet d'accéder à l'application à partir d'un simple navigateur, le système client-serveur nécessite d'installer un programme sur chaque terminal utilisateur. Selon les éditeurs, cette façon de fonctionner ne présente plus d'intérêt aujourd'hui. Sauf peut-être dans certains cas particuliers : « Cela peut être utile lorsqu'il est nécessaire de travailler en mode déconnecté, dans l'industrie pétrolière ou la marine, par exemple. Le mode client-serveur permet de travailler en mode asynchrone » , estime Frédéric Russo, directeur commercial de la solution EAM chez Infor. C'est 'ailleurs la raison pour laquelle les éditeurs proposent des applications spécifiques pour smartphones ou tablettes. |
Face à l'offre vaste du marché de la GMAO, comment s'orienter? Il faut tout d'abord déterminer ses besoins. « Peut-on se contenter des processus métier basiques ? », interroge Laurent Truscello (Carl Software). Dans ce cas, un logiciel simple peut suffire. Pour un projet plus complexe, couplé aux autres services de l'entreprise, il faut impliquer le service informatique, faire un cahier des charges. Il est possible de demander une assistance à la maîtrise d'ouvrage. Le nombre d'utilisateurs ou le mode d'hébergement compte parmi les paramètres à considérer. Les éditeurs proposent généralement d'expérimenter leur logiciel par l'intermédiaire d'une démonstration en ligne, y compris les fonctions mobiles. « La prise en main est-elle intuitive ? L'utilisateur parvient-il à faire un compte rendu d'intervention rapidement ? C'est un élément essentiel », ajoute LaurentTruscello.
Un paramétrage permet d'adapter le logiciel aux spécificités de l'entreprise, à commencer par le vocabulaire employé.
Infor « La question la plus importante,c'est de savoir comment l'entreprise voit la maintenance pour les cinq prochaines années, conseille Frédéric Russo (Infor). Lorsqu'une entreprise fait un choix, elle ne pense pas toujours à la transformation de son activité, mais considère les choses à l'instant présent. Or un progiciel est généralement installé pour cinq, voire dix ans.» Il est donc essentiel d'aligner la stratégie de l'entreprise avec la vision de l'éditeur. Quelles évolutions propose-t-il? Y a-t-il une version mobile? Un mode cloud? Des fonctions spécifiques au secteur d'activité concerné ? « On peut aussi se demander quels effectifs l'éditeur consacre à la recherche et développement, s'il dispose d'un club utilisateur, ou encore s'il a déjà des clients semblables », suggère Frédéric Russo.
La géolocalisation permet aujourd'hui aux techniciens de se repérer à l'intérieur d'un bâtiment, tout en ayant accès aux informations concernant les équipements du site.
Siveco « Les petits projets consistent essentiellement en de la formation et sont peu risqués, estime Sacha Lukic (Apave). Cela concerne les petites entreprises, mais également des grands noms,lors de projets de maintenance isolés,qui ne concernent pas l'ensemble du groupe.» Les projets de plus grande envergure présentent en revanche un risque d'échec. « Cela peut arriver face à la difficulté à remettre en cause son organisation,au rejet par les utilisateurs, ou encore à cause du manque de temps investi dans le déploiement », prévient Jean-Luc Sanjose (Dimo Software). « Le manque de moyens est un souci régulier, constate Sacha Lukic . Mieux vaut avoir un chef de projet, et être soutenu par la direction, qui pourra arbitrer des situations délicates.» Pour éviter cela, il est préférable de tabler sur un déploiement progressif. « Il faut bien comprendre ce que fait la GMAO, et choisir quelques fonctions prioritaires, car on ne peut pas tout faire en même temps », conclut Jean-Luc Sanjose.
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