L 'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris) a annoncé juste avant la période estivale les données d'une étude prospective, menée en 2012, sur les contaminants dits «émergents» dans les eaux superficielles continentales et littorales, en métropole et dans les DOM (Martinique, Guadeloupe, Guyane, la Réunion, Mayotte) et sur les eaux souterraines uniquement pour les DOM. Si l'institut a coordonné l'étude, d'autres acteurs de la qualité de l'eau y ont participé: la Direction de l'eau du ministère chargé de l'Ecologie (MEDDE), l'Onema en tant que maître d'ouvrage, les Offices de l'eau, les Agences de l'eau, les Deal, des experts publics en matière de pollution des milieux aquatiques venant du BRGM, de l'Ifremer et de l'Ine-ris, le laboratoire national de référence Aquaref et des laboratoires académiques reconnus pour leur expertise dans le domaine (Universités de Bordeaux, Lyon et Pau, Ecole pratique des hautes études et des Pays de l'Adour).
«Cette étude prospective fait suite à une première campagne exceptionnelle réalisée en 2011 sur les eaux souterraines en métropole. Le triple objectif de la deuxième étude est de contribuer à l'évolution de la surveillance dans le domaine de l'eau », résume Dr. Fabrizio Botta, chef de projet de l'étude à l'Ineris. Il s'agit d'aider à définir la liste des substances les plus pertinentes à surveiller de manière régulière dans les prochains plans de gestion de la Directive cadre sur l'eau (DCE) pour la période 2016-2021, de faire ressortir les « lacunes » qui nécessiteraient d'améliorer les connaissances sur les effets toxiques et écotoxiques de certaines substances, et troisièmement d'éprouver en routine des méthodes de chimie analytique développées par des laboratoires académiques et favoriser leur transfert vers des activités de terrain.
Une priorisation en deux étapes
L'étude prospective n'est néanmoins pas une évaluation du risque engendré par telle ou telle substance sur les milieux aquatiques. Réalisée sur un nombre restreint de molécules (82 substances recherchées dans l'eau et 134 dans les sédiments, dont 53 communes aux deux matrices) et de sites représentatifs de la diversité des pressions environnementales (agricole, urbaine, industrielle), ce qui a quand même représenté 115 points de prélèvement en cours d'eau, 18 dans des plans d'eau et 20 dans des eaux littorales, l'étude prospective ne constitue pas non plus le reflet exhaustif de la contamination des milieux aquatiques en France par les micropolluants.
« La priorisation s'est en fait effectuée en deux étapes, sur la base de la méthodologie conçue au niveau européen par le réseau Norman. La première étape a consisté à sélectionner les molécules en fonction des catégories d'actions à mener avec les résultats de l'étude, parmi 80 000 données différentes. Les molécules cibles sont ainsi des molécules peu surveillées, ou des molécules pour lesquelles les données obtenues sont peu fiables ou peu pertinentes », explique Fabrizio Botta. On retrouve une grande variété de familles de substances émer-gentes: les produits de soin corporel, les plastifiants, les résidus de médicaments, les pesticides et biocides, les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), les retardateurs de flamme, les tensio-actifs, les alkylperfluorés, les antioxydants, les additifs d'essence, des molécules industrielles diverses (organo-étains, naphtalènes, anilines).
« Au sein de cette catégorie des “substances mal connues”, un deuxième exercice de hiérarchisation a été ensuite réalisé sur la base d'indicateurs comme l'usage qui est fait des substances et les dangers toxiques et écotoxiques inhérents à ces substances », poursuit-il.En plus des prochains plans de gestion de la DCE, les données de l'étude prospective seront également utiles à la mise à jour de la liste des substances de l'état chimique des masses d'eau, pilotée au niveau européen,sachant qu'une révision de la liste de s substances prioritaires est prévue en 2017, ainsi qu'à l'établissement des listes de substances dans d'autres cadres que celui de la DCE (feuille de route sur la transition écologique 2013, liste du plan Ecophyto). Par ailleurs, les questionnements sur les pratiques d'échantillonnage et les performances analytiques posés lors de l'étude prospective ont orienté les grandes lignes du programme de travail 2013-2015 d'Aquaref. « Dans la 2013-2015 d'Aquaref. « Dans la perspective d'un versement dans les bases de données nationales,nous avons développé un format informatique unique de saisie des données brutes et des métadonnées de l'étude », annonce Fabrizio Botta.
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