La dernière étude du cabinet Frost & Sullivan sur le marché mondial de la radiographie numérique industrielle révèle que celui-ci a représenté environ 350 millions de dollars en 2013. Après un démarrage relativement lent dû à une réticence pour passer au numérique, ce marché a tiré profit d’utilisateurs plus avertis souhaitant réduire les coûts et gagner en productivité, ce qui lui a permis de suivre un rythme de croissance annuel soutenu de 8 à 10%. Cette dynamique s’observe tout particulièrement pour la radiographie numérique en tant qu’outil de test non destructif (ou NDT pour Non Destructive Test), bénéficiant pour cela des avancées matérielles et logicielles qui ont considérablement amélioré l’efficacité et la convivialité des systèmes d’inspection à rayons X.
L’analyse de Frost & Sullivan détaille successivement les caractéristiques et les tendances des trois grandes technologies qui composent ce domaine, à savoir la radiographie informatisée (ou CR pour Computed Radiography), la radiographie directe (ou DR pour Direct Radiography) et la tomographie informatisée (ou CT pour Computed Tomography).
Souvent considérée comme une passerelle vers l’imagerie numérique, la radiographie informatisée remplace les films argentiques par des plaques au phosphore photostimulables mémorisant une image latente activée par un balayage laser puis numérisée. Introduite au cours des années 1990 dans l’inspection industrielle, cette technique a connu peu d’avancées matérielles et a présenté jusqu’à récemment un manque critique d’opérateurs compétents. Les fabricants cherchent donc à palier ce double problème et Frost & Sullivan cite l’exemple de Dürr NDT qui a entièrement remanié son système HD-CR 35, constitué désormais d’un scanner ultra léger, d’un affichage intégré et des fonctions de base d’un ordinateur permettant à un technicien peu expérimenté dans ce domaine de produire et de vérifier la qualité des images pour des interprétations ultérieures. L’étude souligne que le marché de la CR est dominé par une poignée d’acteurs tels que Dürr, GE, Carestream et Fujifilm représentant 60% des systèmes vendus. Valorisé à 90 millions de dollars en 2013 avec un taux de croissance annuel de 5 à 6%, ce marché devrait traverser une période plus difficile suivant les tendances de ralentissement économique, en particulier en Europe.
Seconde technologie étudiée par F & S, la radiographie directe utilise un panneau FPD (Flat Panel Detector), constitué de détecteurs de rayons X réalisant une conversion numérique immédiate de l’image aussitôt lisible par l’ordinateur. En réduisant ainsi les étapes de la radiographie, la DR s’avère être un outil idéal pour l’inspection industrielle. Toutefois, la fragilité des panneaux FPD, en particulier dans les environnements sévères comme les raffineries ou les pipelines, représente actuellement un frein pour une large adoption de cette méthode. Bien que les prix baissent régulièrement, le coût d’un FPD se situe entre 40 000 et 125 000 $ pour des capteurs à base de a-Si et entre 25 000 et 65 000 $ pour du Cmos. Cependant, cela ne dissuade pas les premiers utilisateurs des secteurs de l’automobile et de l’aérospatial qui doivent se conformer à des standards de qualité et de sûreté de haut niveau. L’analyse de Frost & Sullivan évalue le marché mondial de la DR dans le test NDT à environ 75 millions de dollars, porté par le taux de croissance le plus élevé dans le domaine de la radiographie numérique industrielle.
Pour finir, l’étude traite de la tomographie informatisée qui reprend le principe de la radiographie directe pour l’acquisition des images selon des coupes successives, permettant ensuite la reconstruction logicielle de l’objet en 3D. Initialement développés pour des applications médicales, les systèmes de CT nécessitent certaines améliorations pour répondre aux exigences de précision et de répétabilité de la métrologie dans des environnements industriels. Des progrès techniques sont notamment attendus pour obtenir des scanners plus rapides et une meilleure qualité de représentation 3D dans le cas de mesure de pièces de grande taille. Les autres défis à relever concernent le prix élevé des systèmes et la pénurie d’opérateurs compétents à la fois en radiographie numérique et en métrologie. Selon Stefan Moll, responsable de la division X-Ray Systems de YXLON, « l’Industrie 4.0 va demander toujours plus de données et la connaissance de toutes les dimensions en 3D sera la prochaine étape logique qui introduira la technologie CT dans tous les marchés ».