L'essentiel
Considérée comme une contrainte ou au contraire comme une opportunité pour améliorer la productivité, l'efficacité énergétique est au cœur des préoccupations des industriels. Certains d'entre eux la considèrent même comme une priorité. Il faut dire que le gisement d'économies potentielles est énorme. La réussite d'une politique de gestion énergétique passe par la conformité aux normes en vigueur et par le déploiement d'une solution globale qui permet de connaître en temps réel la consommation d'énergie au niveau de chaque équipement. Les automaticiens sont souvent les interlocuteurs privilégiés des industriels dans le choix des meilleures solutions technologiques pour l'efficacité énergétique. |
Contrainte pour les uns, prise de conscience environnementale pour les autres… Source de coûts supplémentaires pour certains, moyens d'améliorer la productivité pour d'autres… Quelle que soit l'idée, qu'on la trouve bonne ou mauvaise, l'efficacité énergétique est, depuis quelques années déjà, au cœur des préoccupations des industriels. Et quand on évoque l'efficacité énergétique dans le domaine de l'industrie, cela s'entend au sens des ressources énergétiques consommées dans les procédés de production industrielle, à savoir l'eau, l'air, le gaz, l'électricité et la vapeur, ce que les anglo-saxons regroupent sous l'appellation générique WAGES (
Largement inspirée de la norme européenne EN 16001, ISO 50001 fournit aux organismes et industries qui souhaitent améliorer leur gestion de l'énergie, une méthodologie opérationnelle précise pour arriver à leurs fins.
Un potentiel d'économies énorme
Sans surprise, ce sont les secteurs les plus énergivores qui ont compris les premiers l'avantage que pouvait représenter l'efficacité énergétique en termes de gain de productivité, d'autant que le coût de l'énergie est orienté à la hausse et cela risque d'aller de mal en pis.
Pour se convaincre du bien-fondé d'une démarche des industriels visant à améliorer l'efficacité énergétique de leurs outils de production, il suffit d'avoir à l'esprit quelques chiffres. Ainsi, Mary Burgoon, en charge du développement de marchés chez RockwellAutomation, rappelle qu'une étude récente de l'agence américaine EIA (
Les secteurs de l'industrie les plus énergivores, tels que la sidérurgie ou la cimenterie, sont ceux qui ont compris les premiers l'avantage que pouvait représenter l'efficacité énergétique en termes de gain de productivité.
Mais pour beaucoup d'industriels, la mise en place d'une stratégie d'efficacité énergétique globale rime forcément avec investissements lourds. Or, ce n'est toujours le cas, loin s'en faut. Ainsi, dans le domaine de l'agroalimentaire, troisième secteur industriel le plus énergivore, des économies sont possibles sans investissements massifs. C'est en tout cas ce qui ressort d'une récente étude réalisée sous l'égide de l'ANIA (Association nationale des industries alimentaires) et qui a été portée à notre connaissance par Ordinal Software, éditeur de logiciels dans les domaines de la supervision et du MES (
Une récente étude de l'ANIA (Association nationale des industries alimentaires) estime que 50% en moyenne des économies d'énergie dans le secteur des industries alimentaires sont accessibles rien qu'en améliorant le pilotage de la production, c'est-à-dire sans investissements massifs.
Pour accompagner ce que l'on pourrait appeler une prise de conscience, les normes revêtent une importance toute particulière. Car si la volonté des industriels de réduire leur facture énergétique semble bien réelle, se pose rapidement le problème de la mise en place de solutions concrètes permettant de mettre en œuvre la politique d'efficacité énergétique décidée par l'entreprise. Les normes constituent en quelque sorte le premier outil de l'efficacité énergétique.
Mary Burgoon, en charge du développement de marchés chez Rockwell Automation : « Avec les solutions de production avancées actuelles et de gestion active de l'énergie permettant de connaître en temps réel la consommation d'énergie au niveau de chaque équipement et de chaque machine, il est possible d'optimiser la consommation énergétique globale de toute une installation ou une usine de manière dynamique et d'en réduire le coût, au lieu de la considérer comme une charge fixe. »
Par ailleurs, le point de départ de la mise en place d'une stratégie d'efficacité énergétique passe bien souvent par un audit qui est d'ailleurs obligatoire depuis 2012 pour les grandes entreprises (plus de 250 salariés et 50 millions d'euros de chiffre d'affaires). Et là encore, les normes sont là pour aider à la réalisation d'audits énergétiques. Selon la norme NF EN 16247-1 publiée en 2012, un audit énergétique est un examen et une analyse méthodiques de l'usage et des consommations énergétiques d'un site, d'un bâtiment ou d'un organisme. Il vise à identifier les flux énergétiques et les potentiels d'amélioration de l'efficacité énergétique, puis d'en rendre compte. La norme NF EN 16247-1 délivre les exigences générales pour la réalisation d'un audit énergétique. Elle indique la méthodologie et les actions à mener tout au long des différentes étapes d'un audit énergétique (définition de l'objectif, du périmètre, réalisation d'une visite sur site, etc.).
L'importance des normes
Par ailleurs, trois nouvelles normes, publiées par Afnor cet été, viennent compléter la norme NF EN 16247-1 en édictant des méthodes de référence d'audit énergétique ciblant trois secteurs spécifiques, à savoir le bâtiment, l'industrie et le transport. Pour le bâtiment, la norme NF EN 16247-2 précise les exigences, la méthodologie et les livrables d'un audit énergétique dans les bâtiments dans leur ensemble (à l'exclusion des habitations privées individuelles), sur des parties spécifiques ou un système technique. Sur un site industriel, un audit énergétique est un outil décisif pour aider un organisme à gérer sa consommation d'énergie. Car les secteurs industriels présentent une grande diversité de procédés, d'utilités et d'usages énergétiques. La norme NF EN 16247-3 est un nouveau document de référence pour la réalisation d'audits énergétiques dans ce secteur. Enfin, dans le domaine du transport, la norme NF EN 16247-4 harmonise les procédures déjà utilisées pour mener un audit énergétique. Elle décrit des aspects spécifiques à chaque mode de transport. Les exigences s'appliquent au transport routier, ferroviaire, maritime et aérien, et prennent en compte les différences entre transports locaux et à longue distance, ainsi que ce qui est transporté (en somme, des marchandises et des personnes).
Quoi qu'il en soit, pour être efficace, la gestion de l'énergie ne doit pas être ponctuelle, mais au contraire globale et continue.
Nécessité d'un retour sur investissement rapide
Bien que l'énergie représente l'un des principaux facteurs de coût indirect des industriels et que ces derniers se sentent de plus en plus concernés par cette thématique,cer-tains rechignent encore àmettre enœuvre une stratégie d'efficacité énergétique.«
Rockwell Automation propose ce qu'il appelle des « solutions d'intelligence énergétique » qui reposent, entre autres, sur trois outils logiciels, en l'occurrence FactoryTalk VantagePoint Energy, FactoryTalk EnergyMetrix et IntelliCENTER Energy, dont la vocation est d'aider les responsables d'usines à visualiser la consommation des ressources en lien avec certaines unités, lignes et machines, ce qui leur permet de prendre des décisions plus efficaces concernant l'énergie.
De fait, les automaticiens sont souvent des interlocuteurs privilégiés lorsqu'il s'agit de mettre en œuvre des solutions concrètes pour améliorer l'efficacité énergétique d'un site industriel. D'ailleurs, les principaux ténors du secteur –B&R, Bosch Rexroth, Rockwell Automation, Schneider, Siemens pour ne citer qu'eux – disposent tous d'une offre plus ou moins riche en la matière. Rockwell Automation propose ainsi ce qu'il appelle des
Bosch Rexroth, de son côté, a regroupé l'ensemble de ses solutions pour l'efficacité énergétique sous la dénomination 4EE, solutions qui concernent toutes les technologies du mouvement et tous les aspects permettant d'optimiser l'efficacité énergétique : composants performants (par exemple les moteurs IndraDyn à pôles magnétiques offrant un rendement de plus de 95 %), gestion des régimes variables (pompes à vitesse variable entraînées par un servomoteur avec convertisseur de fréquence, technologie d'entraînement modulaire IndraDrive pour une combinaison moteur-variateur à rendement énergétique optimal, gammes de variateurs, convertisseurs de fréquence, commande hydraulique, etc.), mais aussi récupération d'énergie (en particulier les entraînements IndraDrive à conception modulaire pour simplifier la récupération d'énergie au freinage) et optimisation système via ingénierie et logiciels de simulation.
Jusqu'à 30 % d'économie
Les solutions de B&R, elles, intègrent tous les aspects de l'optimisation énergétique,depuis la conception du matériel d'automatismes jusqu'au système de contrôle de process. Le système de monitoring énergétique APROL EnMon de l'autrichien facilite la mise en place d'une gestion énergétique conforme à la norme ISO 50001. Ses fonctionnalités permettent non seulement de collecter, d'enregistrer et d'évaluer tous types de mesures, mais aussi d'analyser la consommation, quel que soit le type d'énergie (électrique, thermique, air comprimé, etc.). Le système APROL EnMon est fourni préinstallé sur un PC industriel B&R Automation PC 910 et s'interface avec tous types de capteurs et centrales de mesures via les coupleurs X20 de B&R (Modbus RTU, Modbus TCP, Profibus, HART, M-Bus, entrées analogiques). Son tableau de bord permet aux équipes en charge de la mise en route, de l'entretien ou de la maintenance de disposer d'un environnement puissant pour le diagnostic et l'exploitation de leurs installations. De là, ils peuvent produire des rapports accessibles depuis n'importe quel navigateur web et ciblant des machines individuelles, des lignes ou tout un site industriel. Il est également possible de générer des rapports par lots de production ou par unités de coûts. Qui plus est, ce système permet d'agir directement sur le système de contrôle pour, par exemple, mettre en œuvre une gestion de charges et éviter les coupures inopinées, ou encore assigner un
Bosch Rexroth a regroupé l'ensemble de ses solutions pour l'efficacité énergétique sous la dénomination 4EE, solutions qui concernent toutes les technologies du mouvement et tous les aspects permettant d'optimiser l'efficacité énergétique : composants performants, gestion des régimes variables, mais aussi récupération d'énergie et optimisation système via ingénierie et logiciels de simulation.
Quant à Siemens, il a récemment introduit Energy Analytics, une plate-forme sur mesure dédiée au traitement des données énergétiques, et propose différents packages de suivi et d'analyse énergétique en fonction des besoins des industriels pour les aider à identifier leurs potentiels d'économies et optimiser l'efficacité énergétique de leurs installations. Une «Energy Box» depuis le site permet d'acquérir et de remonter dans une base de données, de façon sécurisée, toutes les informations nécessaires afin d'en effectuer les analyses et d'obtenir un rapport, du plus simple au plus complet, en fonction du choix du client.Ainsi, l'exploitant peut consulter en ligne les données, obtenir un premier rapport pour une exploitation interne, juger de l'évolution en temps réel, avoir une analyse des consommations autour des pics ou lorsque la production est à l'arrêt avec des conseils d'amélioration. Selon Siemens, une plate-forme Energy Analytics dédiée permet à tout moment aux exploitants de se connecter à l'aide d'un
Un système intelligent de gestion de l'énergie
Schneider, quant à lui, rassemble ses solutions pour l'efficacité énergétique sous l'appellation EcoStruxure. Cette offre s'articule autour de deux grands principes.Tout d'abord, EcoStruxure s'appuie sur une offre complète d'applications regroupant cinq domaines d'expertise clés pour résoudre l'équation énergétique actuelle : la distribution électrique avec des solutions complètes de gestion de l'énergie pour les bâtiments industriels et les grandes installations tertiaires ; les centres de données avec l'architecture InfraStruXure qui propose une approche modulaire et évolutive pour optimiser la consommation énergétique et le refroidissement des systèmes et pour réduire l'inefficacité résultant des surdimensionnements ; les processus et machines avec des solutions d'automatismes et de contrôle industriel à destination des constructeurs de machines (OEM), de l'industrie et des infrastructures ; le contrôle des bâtiments avec des solutions de gestion du bâtiment destinées à réduire les coûts d'installation et de fonctionnement ; et enfin la sécurité avec des architectures pour minimiser les coûts et réduire les pertes résultant des arrêts intempestifs, tout en apportant une analyse complète des risques. Ensuite, EcoStruxure permet de connecter ces cinq domaines d'expertise entre eux. Elle s'appuie pour cela sur des technologies ouvertes et souples, basées sur les services web et IP, permettant à chaque application spécifique de se connecter à une autre. Schneider Electric entend ainsi proposer des solutions capables de se connecter pour créer un système intelligent de gestion de l'énergie à tous les niveaux d'application.