E n septembre 2013, Agilent Technologies annonçait la séparation de ses divisions «Sciences de la vie» et «Test et mesure électroniques ». Et alors que la première a hérité du nom prestigieux du groupe américain, la seconde a provisoirement été baptisée Electronic Measurement Company, nom qu'il va vite falloir oublier, puisque l'on connaît désormais la nouvelle raison sociale de cette dernière: Keysight Technologies. A ce stade, une petite explication de texte s'impose pour comprendre la signification de ce nouveau nom. Et c'est Benoît Neel, Pdg d'Agilent Technologies France, qui nous la livre : « Keysight est en fait la contraction de l'expression key insights qui fait référence à la faculté de voir ce que les autres ne peuvent pas voir », précise-t-il.
Mais outre le nom, c'est surtout la politique de développement de la société qui va changer, comme nous l'a expliqué il y a quelques semaines Guy Séné, président de la division «test et mesure électroniques» d'Agilent Techno-logies depuis 2011, qui deviendra bientôt directeur de la R&D, des ventes et du marketing de Keysight Technologies: « Ces dernières années, la partie Sciences de la vie a largement été privilégiée par Agilent Technologies en termes d'investissements, ce qui peut se comprendre aisément quand on sait que ce secteur d'activité présente un rythme de croissance régulier à deux chiffres alors que notre industrie croit de manière moins importante et beaucoup plus fluctuante. Mais en volant de nos propres ailes, nous allons pouvoir enfin réinvestir dans notre cœur de métier et dans nos marchés,notam-ment en R&D dans laquelle nous comptons réinjecter 13 % de notre chiffre d'affaires car c'est comme cela que nous créerons de la croissance ».
Guy Séné, directeur de la R&D, des ventes et du marketing de Keysight Technologies : « En volant de nos propres ailes, nous allons pouvoir enfin réinvestir dans notre cœur de métier et dans nos marchés, notamment en R&D dans laquelle nous comptons réinjecter 13 % de notre chiffre d'affaires, car c'est comme cela que nous créerons de la croissance ».
Keysight Technologies« Pas d'incidence pour nos clients »
C'est ce que Benoît Neel appelle « revenir aux fondamentaux »: « Avec ce spin-off , nous voulons revenir à nos fondamentaux, aux origines de la création de Hewlett-Packard il y a 75 ans. C'est HP qui a développé le premier oscillateur audio pour réaliser la synchronisation entre les images et le son pour le film d'animation Fantasia de Disney », aime-t-il à rappeler. Et M. Neel d'ajouter: « Dans la nouvelle société, tout le monde pense électronique, du Pdg jusqu'à l'opérateur ! » Cette stratégie d'investissement dans l'innovation, Keysight Technologies compte la mettre à profit pour gagner des parts de marché. « Sur notre secteur d'activité,nous estimons le marché mondial à quelque 13 milliards de dollars, ce qui nous laisse une belle marge de progression potentielle par rapport aux 2,9 milliards de dollars de notre chiffre d'affaires », constate M.Séné. Pour ce faire, la croissance externe fait aussi partie de l'équation. « Nous nous devons aussi de suivre le marché pour saisir les bonnes opportunités d'acquisitions ciblées,que ce soit dans nos domaines de prédilection, mais aussi en vue d'élargir le panel des industries que nous couvrons », assure ainsi M.Séné. Cette sortie d'Agilent, qui constitue une étape importante dans la vie de la société, ne devrait pas gêner ses clients outre mesure. « Pour tout vous dire, l'idée d'une séparation était dans l'air chez Agilent depuis au moins 5 ans et même si elle n'était pas officielle, dans les faits, les deux équipes étaient déjà indépendantes l'une de l'autre,donc cela ne changera rien pour nos clients qui auront toujours affaire aux mêmes personnes, aux mêmes contacts », précise M. Séné. Reste pour eux à accepter le nouveau nom de la société et à oublier le nom d'Agilent qui représente tout de même une marque forte. Ce à quoi M. Séné répond de manière fort à propos: « Lorsque nous sommes sortis de HP et que nous avons adopté le nom d'Agilent,nous avons été confrontés au même problème et la suite des évènements nous a montré que ce n'en était pas un ». Quoi qu'il en soit, avec des ventes annuelles qui frôlent les 3 milliards de dollars, une marge opérationnelle de 19%, et quelque 9500 salariés à travers le monde (une centaine en France), Keysight Technologies restera le numéro un mondial dans le domaine du test et de la mesure électroniques (oscilloscopes, analyseurs de spectre et de réseaux, générateurs et analyseurs de signaux, testeurs), en particulier en aérospatial et défense, en communications et en semi-conducteurs. Par ailleurs, la société qui possède de nombreux centres de R&D à travers le monde ainsi qu'une importante usine d'assemblage et de test à Pepang, en Malaisie, s'est dotée depuis 3 ans de sa propre fonderie pour fabriquer certains composants de ses oscilloscopes. A noter enfin que Keysight Technologies continera à proposer une garantie de trois ans sur tous ses produits, ce qui est unique sur le marché selon M. Neel. « Nous proposons parfois des extensions de garantie jusqu'à 5 ans, et même davantage », assure-t-il.